Il existe une grande diversité de pratiques inclusives, et ce foisonnement peut insécuriser des personnes enseignantes moins expérimentées et à la recherche de guides pour favoriser des environnements éducatifs inclusifs.

Une équipe néerlandaise a réalisé une revue systématique de littérature afin de mieux saisir l’état de la recherche sur les perceptions des personnes enseignantes à l’égard de la notion d’inclusion.

Cette revue de littérature est basée sur 36 articles scientifiques récents en provenance de 17 pays. Trois questionnements ont guidé l’équipe de recherche : Comment les personnes enseignantes comprennent-elles le concept d’inclusion? Qu’est-ce qui caractérise, selon elles, les environnements éducatifs inclusifs? Et quels défis rencontrent-elles dans le cadre de leur pratique?

On connaît peu les perceptions des personnes enseignantes

L’inclusion en enseignement supérieur est un sujet de recherche encore récent, et le concept lui-même demeure relativement flou. L’équipe de recherche a constaté qu’il n’existe dans le milieu de l’enseignement supérieur ni définition partagée, ni conscience des différentes perspectives existantes sur la question de l’inclusion. Par ailleurs, l’état de la recherche ne permet pas d’établir comment les personnes enseignantes définissent et comprennent l’inclusion.

Plus de la moitié des études recensées sont centrées sur une conception étroite de l’inclusion, soit l’intégration des personnes étudiantes en situation de handicap. Peu s’intéressent à l’inclusion dans un sens plus global, en abordant « l’égalité des opportunités éducatives pour chaque personne étudiante, quels que soient sa condition, son parcours ou ses opinions » (traduction libre, p. 13).

Les quelques études qui se penchent sur les perceptions enseignantes révèlent que l’attitude du corps enseignant à l’égard de l’inclusion est plus souvent positive que négative. Cependant, la grande variété des méthodes et des objets de recherche (par exemple sur des populations ou des contextes spécifiques) rend difficile la synthèse.

Les pratiques inclusives les plus mentionnées

La littérature scientifique offre peu de descriptions des pratiques enseignantes inclusives, ni de leurs impacts. Quatre approches sont néanmoins souvent mentionnées :

  • La conception universelle de l’apprentissage (universal design) : une approche qui vise à offrir diverses « opportunités d’accéder aux environnements d’apprentissage, de s’y engager et de s’y exprimer » (traduction libre, p.12).
  • L’apprentissage centré sur la personne apprenante (student-centred learning) : une approche plus horizontale de la relation pédagogique, dans laquelle les personnes étudiantes jouent un rôle plus actif.
  • La diversification des modes d’évaluation.
  • La communication explicite des attentes et des normes en vigueur.

Les défis identifiés par les personnes enseignantes

L’analyse de ce corpus d’articles a permis de dégager trois catégories de défis identifiés par les personnes enseignantes dans la mise en place d’environnements inclusifs en enseignement supérieur, soit ceux liés à :

  • Leurs propres lacunes (12 études) : ces recherches mettent en lumière le manque de connaissances, de compétences ou d’expérience des personnes enseignantes.
  • Leur perception des lacunes des étudiants et étudiantes (9 études) : ces études montrent que les perceptions négatives et l’attachement à certaines normes empêchent les personnes enseignantes de créer des environnements inclusifs.
  • L’absence de soutien institutionnel (9 études) : le manque de services d’accompagnement, d’information et de ressources, le sentiment de ne pas faire partie de la communauté universitaire (surtout pour le personnel contractuel) et la surcharge de travail ressortent de ces études.

Mettre les efforts en commun

En conclusion, l’équipe de recherche attire l’attention sur trois obstacles à la création d’environnements inclusifs sur lesquels les acteurs et actrices de l’enseignement supérieur devraient concentrer leurs efforts :

  • Le manque de connaissances des personnes enseignantes sur l’inclusion et les pratiques inclusives en éducation.
  • Le manque de ressources, de soutien, d’information et de formation offertes aux personnes enseignantes par les établissements.
  • L’absence d’un corpus descriptif de pratiques inclusives dans la littérature.

Ces obstacles alimentent l’insécurité des personnes enseignantes à l’égard de la mise en place de pratiques inclusives. Le partage des pratiques entre personnes enseignantes, mais également une plus grande collaboration avec les institutions et les chercheurs et chercheuses sur les questions d’inclusion seraient des avenues à privilégier.

Référence

Korthals Altes, T., Willemse, M., Goei, S. L. et Ehren, M. (2024). Higher education teachers’ understandings of and challenges for inclusion and inclusive learning environments: A systematic literature review. Educational Research Review, 43. https://doi.org/10.1016/j.edurev.2024.100605