Une équipe de l’université de Colombie-Britannique (UBC) a testé deux outils différents en soutien à la rétroaction par les pairs. Les résultats de leur démarche montrent les avantages d’adopter une approche plus structurée de la rétroaction.

Bénéfices et défis de la rétroaction par les pairs

En évaluation formative, la rétroaction par les pairs est une pratique reconnue comme bénéfique à la fois pour la personne qui reçoit et celle qui donne la rétroaction. Elle favorise l’engagement dans le processus d’évaluation et le développement de la « littératie de la rétroaction ».

La littérature relève néanmoins certains défis liés à la qualité de la rétroaction par les pairs et à la perception de la valeur de cette rétroaction chez les personnes étudiantes.

Comment améliorer l’efficacité de ces rétroactions ? Est-ce qu’une approche plus structurée permet d’améliorer la perception de la valeur de la rétroaction par les pairs ?

Qu’est-ce qu’une bonne rétroaction ?

Sans offrir une recette applicable à tous les contextes, la littérature scientifique identifie plusieurs caractéristiques d’une bonne rétroaction. Notamment, celle-ci doit être :

  • assez détaillée et précise
  • pertinente au regard des objectifs et des critères d’évaluation
  • « exploitable » par la personne évaluée : elle doit lui permettre de s’ajuster

Une rétroaction guidée ou libre ?

Cette étude a été réalisée auprès de 73 personnes étudiantes en troisième année universitaire. Dans le cadre de leur cours, ces personnes devaient participer à des discussions hebdomadaires en équipe de 4 ou 5, portant sur les lectures obligatoires. Ces rencontres étaient animées à tour de rôle par un membre de l’équipe, et les autres membres devaient produire une rétroaction sur le travail d’animation réalisé par leur pair.

La moitié des équipes devait remplir un formulaire de rétroaction comprenant deux questions ouvertes, invitant à identifier les éléments bien réussis par la personne animatrice et les éléments à améliorer pour la prochaine fois. Les autres équipes avaient en main un gabarit plus structuré, comportant les mêmes questions mais avec une liste d’énoncés fournis par l’équipe enseignante.

Les chercheuses ont analysé le contenu de 181 formulaires d’évaluation remplis par les personnes étudiantes au cours de la session, mais également les résultats d’un questionnaire (n= 54) portant sur les perceptions quant à l’impact de ces deux modèles.

Une structure appréciée

Les résultats de cette étude montrent une perception globalement plus positive du gabarit structuré, qui a été jugé plus utile et plus crédible que le formulaire ouvert par les étudiantes et étudiants recevant la rétroaction. Du côté des personnes offrant la rétroaction, les chercheuses n’ont pas relevé d’impact mesurable sur l’adoption de pratiques auto-évaluatives ou sur le sentiment de compétence en évaluation.

En ce qui concerne la qualité des rétroactions, celles offertes via le gabarit plus structuré correspondaient davantage aux critères d’une bonne rétroaction. Les personnes étudiantes utilisant le formulaire ouvert étaient plus enclines à inscrire « rien » dans la case destinée aux pistes d’amélioration, ou à inscrire des suggestions vagues ou mal ajustées aux critères d’évaluation. Ainsi, la rétroaction par les pairs apparaît plus efficace lorsqu’elle est combinée avec un apport de la personne enseignante (via les réponses pré-déterminées), auquel les étudiantes et les étudiants accordent une plus grande crédibilité.

Au-delà de l’instrument : accroître la place de l’évaluation par les pairs

Cette étude montre qu’offrir un gabarit plus structuré peut améliorer la perception d’utilité de la rétroaction par les pairs. Il s’agit d’un outil intéressant pour accroître la place de l’évaluation par les pairs, dont les bénéfices sont reconnus dans la littérature.

Cependant, malgré certains résultats probants, l’utilisation du formulaire détaillé n’a pas entraîné tous les impacts positifs qu’anticipaient les chercheuses. Notamment, offrir des options prédéterminées n’a pas vraiment accru la confiance des étudiantes et étudiants dans leur capacité à évaluer leurs pairs. Les autrices avancent que c’est surtout la pratique qui permet d’accroître la confiance en ses capacités, plus que les instruments utilisés.

Référence

Quinton, J., Nesbitt, L. et Bock, J. (2025). Enhancing the structure of feedback forms increases trustworthiness and usefulness of peer feedback. Assessment & Evaluation in Higher Education, 1‑15. https://doi.org/10.1080/02602938.2025.2468848