Dans le but d’améliorer les taux de rétention et de soutenir la réussite de ses étudiantes et étudiants, l’Université Southern Cross (Australie) a introduit en 2021 une formule d’horaire condensé.

Une équipe de recherche de cette université a constaté que ce modèle avait un impact positif sur la réussite des étudiantes et étudiants appartenant à certains groupes en quête d’équité.

Réduire la charge cognitive

La formule des « blocs immersifs » (immersive block models) consiste à concentrer l’apprentissage d’un petit nombre de sujets dans une courte période. Ce modèle repose sur la théorie de la « charge cognitive » qui s’accroit avec le nombre de tâches. Les personnes étudiantes qui proviennent de groupes défavorisés sont plus vulnérables à la surcharge cognitive, étant donné leurs conditions de vie plus compliquées (travail salarié, responsabilités familiales, etc.). Ainsi, dans sa forme traditionnelle, le système scolaire est mal adapté à la réalité de ces personnes. Des études tendent à montrer que le modèle immersif pourrait contribuer à réduire la détresse psychologique et améliorer les résultats académiques de ces groupes en particulier.

Le modèle des blocs immersifs

À l’Université Southern Cross, le calendrier scolaire a été réorganisé en 6 sessions de 6 semaines (plutôt que 3 sessions de 3 mois). Dans ce modèle, un « temps plein » équivaut à deux cours par session et, en général, les études s’étendent sur 4 sessions par année. Chaque cours comprend un maximum de trois évaluations. Ce modèle vise aussi une amélioration de l’expérience globale d’apprentissage, que les cours soient en ligne ou non. Il met de l’avant une pédagogie active, centrée sur l’apprentissage, et des activités et des évaluations authentiques, à travers un alignement pédagogique cohérent.

Comparer les taux de succès

Afin de mesurer l’impact de cette formule pédagogique, l’équipe de recherche a comparé les taux de succès (n=30 108 personnes étudiantes) des cohortes de 2019, inscrites dans le format curriculaire traditionnel sur 12 semaines, avec les résultats des cohortes de 2021 et de 2022 inscrites en formule condensée, ou en formule traditionnelle (groupe contrôle). Dans le cadre de cette étude, le taux de succès correspond à la proportion des personnes étudiantes qui réussissent leurs cours.

Leur article présente les résultats pour six groupes spécifiques, soit les étudiantes et étudiants socio-économiquement défavorisés, autochtones, dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, en situation de handicap, de première génération universitaire, et résidant en région éloignée.

Des résultats significatifs

L’équipe de recherche a constaté une augmentation significative des taux de succès pour cinq des six groupes inscrits dans la formule intensive :

  • La population étudiante autochtone inscrite dans la formule condensée a présenté l’augmentation la plus notable (+10% par rapport aux cohortes de 2019).
  • Les personnes étudiantes en situation de handicap ont connu une augmentation de 7,9% de leur taux de succès.
  • Le taux de succès s’est aussi significativement amélioré pour les personnes étudiantes socio-économiquement défavorisées (+7,6%), résidant en région éloignée (+5%), et de première génération universitaire (+3,7%).
  • En ce qui concerne les personnes étudiantes dont la langue maternelle n’est pas l’anglais, l’augmentation n’est pas statistiquement significative. Se basant sur la littérature existante, l’équipe de recherche avance que le degré de maîtrise de l’anglais aurait sans doute été une variable plus pertinente.

Au-delà de l’horaire condensé : l’importance des choix pédagogiques

Les résultats de cette étude convergent avec la littérature, et tendent à confirmer que la formule intensive facilite la gestion de la charge de travail, la priorisation des tâches, et finalement la réussite étudiante.

L’équipe de recherche a constaté que les étudiants et étudiants des groupes contrôles ont aussi amélioré leurs résultats, bien que dans une moindre mesure que les personnes inscrites en formule condensée. Les auteurs et les autrices croient que l’adoption d’une nouvelle politique d’évaluation en 2021, dans la foulée de la mise en place du modèle des blocs immersifs, a pu contribuer à l’augmentation des taux de succès étudiants dans l’ensemble de l’établissement.

Ainsi, l’équipe conclut que les trois dimensions du modèle (horaire condensé, pédagogie active, évaluation authentique) ont pu contribuer aux résultats positifs, et il est difficile de mesurer la part de chacun de ces facteurs. Les modules en ligne, conçus pour favoriser « la flexibilité, l’interactivité et la rétroaction (…) peuvent également être des moteurs importants de l’amélioration des taux de réussite » (traduction libre).

Des études qualitatives, en complémentarité des données quantitatives, devraient dans le futur mettre en évidence les voix étudiantes et la dimension intersectionnelle de leur expérience, particulièrement dans le cas des personnes qui appartiennent à plusieurs groupes désavantagés.

Référence 

Roche, T., Wilson, E., Goode, E. et McKenzie, J. W. (2024). Supporting the academic success of underrecognised higher education students through an immersive block model. Higher Education Research & Development. https://doi.org/10.1080/07294360.2024.2424157