Une récente étude montre que la durée d’un séjour d’études à l’étranger, tout comme le moment où il est effectué, ont un impact sur les résultats scolaires.

Ces constats sont présentés dans l’article International Student Mobility and Academic Performance: Does Timing Matter? de Cintia Denise Granja et Fabiana Visentin, de l’Université des Nations unies – Centre de recherche et de formation économique et sociale de Maastricht pour l’innovation et la technologie (UNU-MERIT, au Pays-Bas).

Pourquoi tenir compte du moment et de la durée du séjour à l’international ?

De nombreuses études ont montré les effets bénéfiques de la mobilité étudiante sur le développement de compétences, l’insertion professionnelle et la réussite étudiante. Or, ces études ne tiennent généralement pas compte des facteurs temporels des séjours à l’étranger. Granja et Visentin ont souhaité combler cette lacune en s’intéressant à l’effet de la durée du séjour et du moment où il est effectué sur les résultats académiques.

Les chercheuses ont analysé les données de 11 432 étudiantes et étudiants de l’Université de Campinas, au Brésil, entre 2010 et 2020. Cette université a été choisie en raison de ses nombreux programmes de mobilité étudiante et de ses ententes avec des universités dans une soixantaine de pays. Sur les 11 432 étudiants et étudiantes, 1 943 avaient participé au moins une fois à un programme d’échange. Les chercheuses ont créé des échantillons statistiquement comparables d’étudiantes et d’étudiants ayant ou non participé à un programme de mobilité.

Le « coefficient de performance standardisé », similaire à la cote Z, a été utilisé pour comparer les résultats scolaires des personnes étudiantes.

Les effets de la mobilité selon le moment du voyage

Sachant que les études de premier cycle durent généralement quatre ans au Brésil, les chercheuses ont distingué trois types d’étudiants et d’étudiantes, selon le moment de leur séjour à l’étranger :  

  1. Les personnes étudiantes qui voyagent un à deux ans après avoir commencé leur formation de premier cycle;
  2. Les personnes qui voyagent au milieu de leur formation de premier cycle (trois ans après le début de l’université);
  3. Les personnes qui voyagent vers la fin de leur formation de premier cycle.

Les données ont montré que les personnes étudiantes qui participaient à un programme de mobilité au début de leur formation avaient des résultats académiques légèrement inférieurs, tandis que celles qui voyageaient au milieu ou vers la fin réussissaient mieux.

Les chercheuses expliquent ces résultats par le fait que les étudiants et les étudiantes qui débutent leur parcours universitaire vivent des défis d’adaptation à la vie universitaire, auxquels s’ajoutent les défis d’adaptation à un pays différent lors d’un échange étudiant. À l’inverse les personnes plus avancées dans leur formation sont déjà accoutumées à la vie universitaire et ont probablement des attentes plus précises au sujet de leur programme, ce qui aurait un impact positif sur leurs notes.

Les effets de la mobilité selon la durée du voyage

Pour comprendre l’influence de la durée du séjour à l’étranger, les chercheuses ont à nouveau divisé leur échantillon en trois :

  1. Les étudiants et les étudiantes dont l’échange a duré une session;
  2. Celles et ceux dont l’échange a duré entre une session et un an;
  3. Celles et ceux ayant réalisé un échange de plus d’un an.

Les résultats ont montré des effets négatifs liés à une participation de courte durée, tandis qu’une participation d’une durée d’une session à un an a produit des effets positifs. Une légère baisse des résultats académiques était observée pour les personnes ayant séjourné plus d’un an à l’étranger.

Les chercheuses présument que les séjours de courte durée laissent trop peu de temps pour s’adapter à un nouveau pays et à un nouveau système éducatif, tandis que des séjours plus longs sont plus propices à l’adaptation. Cependant, il semblerait y avoir un seuil au-delà duquel les bénéfices de la mobilité s’amenuisent. Cela pourrait s’expliquer par le fait de devoir se réadapter à son université d’origine après un séjour prolongé à l’international. Granja et Visentin reconnaissent toutefois que des recherches additionnelles seront nécessaires pour confirmer ces hypothèses.

Selon les chercheuses, ces résultats pourraient inspirer la conception des programmes de mobilité internationale. Par exemple, afin d’agir positivement sur la performance académique, elles suggèrent de prioriser les programmes d’un an destinés aux personnes étudiantes plus avancées dans leur parcours. Les chercheuses ajoutent que d’autres études devraient aussi se pencher sur les retombées personnelles, institutionnelles et sociales des programmes de mobilité afin de fournir un portrait plus global de leurs effets.

Référence

Granja, C. D. et Visentin, F. (2023). International Student Mobility and Academic Performance: Does Timing Matter? Research in Higher Education. https://doi.org/10.1007/s11162-023-09755-6