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Transitions des étudiantes et étudiants autochtones
27 août 2024
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27 août 2024
Une équipe de chercheuses identifie 6 défis liés à la transition vers les études supérieures des étudiantes et étudiants des Premiers Peuples.
Signé par Nathalie Sasseville, Marie-Pierre Baron, Karolanne Vachon, Sabrina Lafrance (Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)) et Josée Thivierge (ÉCOBES), leur article offre également des pistes d’action pour améliorer l’accueil et la transition de ces étudiantes et étudiants.
Les transitions scolaires sont des moments déterminants pour la poursuite des études. Cela est particulièrement vrai pour les étudiantes et les étudiants autochtones qui, comme le rappellent les chercheuses, sont plus à risque de :
Bien que les établissements mettent en œuvre des initiatives pour favoriser les transitions, les chercheuses font valoir que celles-ci ne sont pas pensées et adaptées pour les personnes autochtones et les défis particuliers qu’elles vivent. L’équipe a donc souhaité identifier de façon plus précise les défis perçus par les étudiantes et les étudiants autochtones ainsi que par les personnes professionnelles qui les accompagnent lors des transitions.
Par le biais de 6 groupes de discussion, les chercheuses ont recueilli les propos de 29 étudiantes et étudiants autochtones fréquentant des établissements postsecondaires de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Elles ont également recueilli les propos de 21 personnes travaillant dans les établissements de la région. Leur analyse fait ressortir 6 préoccupations partagées en matière d’accueil et d’accompagnement lors des transitions au postsecondaire.
Tant les étudiantes et étudiants autochtones que le personnel qui les accompagne relèvent des défis liés à l’accueil des étudiantes et des étudiants.
Le personnel des établissements indique avoir de la difficulté à contacter les étudiantes et les étudiants autochtones et à cibler celles et ceux ayant besoin d’un accompagnement particulier. Les étudiantes et étudiants mentionnent plutôt leur méconnaissance des services offerts, de même que leur réticence à les utiliser, de peur d’être stigmatisés.
Le fait d’étudier en milieu urbain, loin de sa famille et de sa communauté, entraine un sentiment de solitude pour les étudiantes et étudiants. Le développement d’un sentiment d’appartenance à l’établissement d’enseignement est donc crucial. Or, le personnel interrogé reconnaît que ce sentiment est difficile à développer.
Les personnes œuvrant dans les établissements ont mentionné avoir de la difficulté à établir des liens avec les étudiantes et étudiants autochtones :
« Cette situation ressort d’ailleurs des propos des étudiants.es autochtones qui estiment qu’il leur est difficile d’entrer en relation avec le personnel scolaire, car ils ont l’impression que leur approche est parfois inadaptée et maladroite. Pour les acteurs.trices scolaires, cette situation peut être exacerbée par la rigidité du cadre institutionnel […], comme par exemple le fait de devoir prendre des rendez-vous pour obtenir des services d’un professionnel. » (par.36)
Le manque de formation du personnel, de même que la faible disponibilité des personnes-ressources autochtones (sursollicitées dans divers milieux) pour transmettre leur savoir sur leur culture empêchent de valoriser adéquatement les cultures autochtones. Les étudiantes et étudiants rencontrés vivent ce manque de valorisation et de reconnaissance comme un choc culturel, voire comme une forme d’exclusion sociale.
Du point de vue du personnel, la mise en place de services adaptés doit s’accompagner d’un budget stable, évitant l’incertitude quant à leur pérennité. Cette pérennité des ressources pourrait passer, selon les acteurs et actrices scolaires, par une mise en commun des ressources humaines et financières entre les établissements de la région. Une réelle volonté politique est néanmoins nécessaire afin de financer adéquatement, et à long terme, les services.
Pour les personnes étudiantes, l’accès à une aide financière adéquate pour répondre à leurs besoins en matière de logement, d’alimentation ou d’accès à des services mérite une attention particulière.
Le personnel des établissements explique qu’il est nécessaire de connaître les acquis scolaires des étudiantes et étudiants autochtones afin d’évaluer leurs besoins et d’agir en conséquence. De leur côté, les personnes étudiantes identifient des défis liés à la langue, aux méthodes pédagogiques différentes et à l’utilisation d’outils technologiques.
Les personnes interrogées ont évoqué plusieurs pistes d’action pour agir sur ces défis :
Cette suggestion revient à plusieurs reprises. Le personnel autochtone pourrait agir à titre de personnes-ressource pour orienter les étudiantes et les étudiants vers les bons services, pour guider le personnel des établissements vers l’adoption d’une approche culturellement sécurisante ou pour offrir des modèles aux étudiantes et étudiants.
Ces personnes-ressource pourraient également avoir le mandat de créer des liens avec les communautés autochtones afin de rejoindre les futurs étudiants et étudiantes avant le début de leurs études postsecondaires.
Ces formations permettraient de mieux comprendre la réalité et les besoins spécifiques des étudiantes et étudiants autochtones et de valoriser leur culture au sein des établissements.
Cela pourrait passer par la tenue d’activités de discussion, l’intégration de contenus autochtones dans les programmes ou encore l’ajout d’éléments culturels autochtones dans les lieux physiques des établissements
Ce type d’atelier devrait être offert dès le secondaire pour préparer la transition des étudiantes et étudiants autochtones. Au collégial, il est suggéré d’offrir un meilleur accès à l’information sur l’organisation scolaire, à des cours de mise à niveau et à du soutien pédagogique pour aider les étudiantes et étudiants à renforcer leurs stratégies d’études.
Sasseville, N., Baron, M.-P., Thivierge, J., Vachon, K., et Lafrance, S. (2024). Les enjeux de l’accompagnement des étudiants autochtones dans l’enseignement supérieur. Études canadiennes / Canadian Studies, 96, 33‑62. https://doi.org/10.4000/123if
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