Une récente étude explore les stratégies d’adaptation des étudiants et étudiantes au doctorat pour faire face à l’adversité.

Réalisée par Dimitra Kokotsaki, professeure de l’Université de Durham en Angleterre, la recherche visait à décrire les difficultés rencontrées par les personnes étudiantes durant leur parcours doctoral et à identifier les stratégies d’adaptation qui leur permettent de faire preuve de résilience.

Les résultats présentés dans l’article What does it mean to be a resilient student? An explorative study of doctoral students’ resilience and coping strategies using grounded theory as the analytic lens se basent sur l’analyse d’entrevues semi-dirigées réalisées auprès de 13 personnes étudiantes d’un établissement universitaire anglais. Le profil des participants et participantes variait selon le régime d’études (temps plein ou temps partiel), le degré d’avancement dans le parcours doctoral et le statut d’étudiante ou d’étudiant international.

L’analyse a révélé cinq contextes susceptibles de comporter des épreuves pour les personnes étudiantes. Elle montre aussi que les personnes étudiantes adoptent diverses stratégies d’adaptation faisant appel à leurs ressources personnelles, à la mise en œuvre d’actions et de comportement ciblés ou encore au développement d’un réseau de soutien.

La relation de supervision

Les défis liés à la relation de supervision mentionnés par les personnes étudiantes concernaient principalement l’incertitude liée à des changements inattendus de directeur ou de directrice de recherche ou l’insatisfaction quant à la supervision offerte. Les personnes interrogées ont expliqué avoir remédié à ces problèmes en se concentrant sur leurs objectifs personnels ou en bénéficiant du soutien de leur établissement pour trouver une nouvelle personne pour les superviser.

Les étapes clés du parcours doctoral et les défis liés à la recherche

Selon les personnes interrogées, les difficultés liées à l’adoption d’une routine de travail, au maintien des habitudes de rédaction ainsi qu’à la réalisation des tâches liées à la collecte de données et à leur analyse étaient susceptibles d’engendrer une gamme d’émotions négatives.

Ainsi, pour mieux gérer la culpabilité, le sentiment de ne pas progresser ou encore d’être moins compétentes que leurs pairs, les personnes interrogées ont adopté les stratégies suivantes: se fixer des objectifs clairs et réalistes, élaborer des plans d’action pour décortiquer les tâches à réaliser et rechercher du soutien d’autres doctorants et doctorantes, notamment grâce aux groupes de rédaction.

Les attentes et les responsabilités familiales et personnelles

Pour la majorité des personnes interrogées, le soutien familial était identifié comme une source de motivation. Cependant, pour certaines, les responsabilités familiales pouvaient aussi nuire à l’adoption d’une routine de travail. D’autres personnes ont également affirmé avoir eu de la difficulté à composer avec l’incompréhension de leurs proches quant à leur parcours académique. Celles-ci ont dû développer leur capacité à justifier et expliquer leur choix.

Les considérations liées au statut d’étudiant

Les personnes répondantes à temps partiel ou ayant un statut d’étudiant international ont évoqué des défis particuliers liés à leur situation.

Les personnes à temps partiel ont mentionné, entre autres, les défis de la conciliation travail-études, le sentiment d’isolement ou encore la distance physique les séparant de l’université. Pour ces personnes, les conditions aidantes concernaient l’adéquation entre leur projet d’études et leur travail, l’engagement envers leur projet d’étude et les objectifs personnels qui le sous-tendent.

Les étudiantes et étudiants internationaux ont expliqué que l’adaptation à un nouveau milieu de vie leur demandait des efforts considérables. Leurs stratégies d’adaptation comprenaient notamment la participation à des activités favorisant les rencontres avec d’autres personnes doctorantes.

Les défis découlant de la pandémie de COVID-19

Pour la moitié des personnes répondantes, la pandémie a entrainé des défis particuliers. Le manque d’espace varié où travailler, les inquiétudes liées à la santé, la difficulté à recruter des participants et des participantes pour leur étude, les incertitudes liées au marché de l’emploi ou encore l’obligation de repenser leur projet de recherche ont contribué à créer du stress et de l’anxiété.

Pour ces personnes, la recherche de soutien en ligne, la relation de supervision positive, la mise en action de plans alternatifs pour répondre aux objectifs de recherche ou encore la révision des échéanciers ont permis de s’ajuster aux obstacles liés à la COVID-19.

Les résultats présentés par Kokotsaki montrent que les personnes doctorantes savent adopter de bonnes stratégies pour surmonter les obstacles rencontrés dans leur parcours. La chercheuse recommande néanmoins que les établissements agissent davantage avec les leviers dont ils disposent, par exemple en favorisant les échanges entre les personnes doctorantes ou en les soutenant en cas de problèmes dans leur relation avec leur directeur ou directrice de thèse.

Référence

Kokotsaki, D. (2023). What does it mean to be a resilient student? An explorative study of doctoral students’ resilience and coping strategies using grounded theory as the analytic lens. International Journal of Doctoral Studies, 18. https://doi.org/10.28945/5137