Résultats de recherche
Hyperconnectivité et résignation numérique chez les populations étudiantes
27 février 2024
Résultats de recherche
27 février 2024
Une chercheuse et un chercheur de l’Université Complutense de Madrid ont voulu mieux comprendre le regard que les étudiantes et étudiants portent sur leur consommation numérique et ses effets dans leur vie quotidienne.
Face aux sollicitations numériques incessantes, notamment en lien avec leurs obligations académiques, une consommation saine, utilitaire et intentionnelle des technologies de l’information et des communications (TIC) est difficile à maintenir pour les personnes étudiantes.
Dans l’article Hyperconnectivity and digital resignation among higher education students, l’équipe met en évidence le concept de « résignation numérique », définie comme « un phénomène rationnel qui survient lorsque des personnes qui aspirent à réduire leur consommation sont contraintes à faire un usage non-désiré ou forcé des médias numérique » (p.102, traduction libre)
Les effets négatifs de l’hyperconnectivité et de la techno-dépendance sur les performances scolaires, le sommeil et la socialisation ont été largement documentés au cours des dernières années. Mais est-ce que les personnes résignées au numérique subissent aussi ces effets ?
Pour approfondir sa compréhension du phénomène de la résignation numérique, l’équipe de recherche a eu recours à un questionnaire en ligne auquel a répondu un échantillon représentatif de 2993 personnes étudiantes de leur établissement. Dans cette enquête, trois aspects de la relation au numérique étaient explorés :
Par ailleurs, les résultats de recherche ont été analysés en regard des catégories de genre et d’âge.
Cette analyse a mené à trois grands constats.
Les personnes répondantes devaient indiquer si elles préféraient les rencontres en personne, en virtuel, ou si elles n’avaient pas de préférence marquée. La grande majorité préfère le face-à-face, que ce soit pour trouver une ou un nouveau partenaire (76,0%), mettre fin à une relation (90,5 %), rencontrer une bonne amie ou un bon ami (83,7%) ou encore intégrer un nouveau groupe social (82,4 %). Cette tendance est généralisée, mais plus marquée chez les femmes et les plus jeunes (18-19 ans). Paradoxalement, les personnes hyperconnectées sont proportionnellement plus nombreuses à préférer les rencontres en personne.
L’enquête a révélé que l’immense majorité des personnes étudiantes sont hyperconnectées (49,0%) ou résignées au numérique (47,2%). Seulement 3,7 % ont répondu qu’elles essayaient de se connecter le moins possible. La résignation numérique est autant présente chez les femmes que chez les hommes, mais surtout chez les jeunes (moins de 21 ans). L’auteur et l’autrice de l’article font l’hypothèse que les jeunes, ayant adopté les TIC plus tôt dans la vie, auraient développé une certaine saturation. Par ailleurs, elles et ils sont plus conscients des impacts négatifs de l’usage du numérique sur leur vie quotidienne.
Les résultats révèlent que l’hyperconnectivité et la résignation numérique sont corrélés avec des « dysfonctionnements » dans la vie quotidienne tels que :
L’auteur et l’autrice concluent sur l’importance de considérer cette population résignée dans des études ultérieures, notamment par des recherches qualitatives qui permettraient de mieux comprendre le lien entre les préférences en termes de modalités relationnelles et les effets négatifs liés à la consommation numérique. Ces résultats devraient aussi préoccuper les universités :
« Considérant les phénomènes d’hyperconnectivité, de techno-dépendance et de résignation numérique et leurs effets sur la vie personnelle et académique des personnes étudiantes, il apparaît pertinent que les universités adaptent leurs méthodes pédagogiques en allouant moins de place aux médias numériques ou, au minimum, en reconsidérant le rôle que les TIC jouent en enseignement supérieur » (traduction libre, p.115)
Casas-Mas, B. et Homont, L. (2024). Hyperconnectivity and digital resignation among higher education students. Doxa Comunicación Revista interdisciplinar de estudios de comunicación y ciencias sociales, 38, 99‑118. https://doi.org/10.31921/doxacom.n38a2056
Suggestions de lecture
Retour d’expérience : enseigner Wikipédia à l’université
Le plan de développement individuel : qu’en pensent les étudiantes et étudiants ?
Réussir un retour aux études supérieures à l’âge adulte : regards croisés de personnes enseignantes et apprenantes
Développer la littératie en santé chez les étudiantes et les étudiants
Les défis liés à l’apprentissage en ligne : points de vue de personnes neurodivergentes et neurotypiques
Qu’est-ce que l’inclusion et comment la mettre en pratique ? Regards de personnes enseignantes
La compétence en écriture : quel rôle pour les personnes enseignantes au collégial?
Comment « apprendre à apprendre » ?
Comment favoriser la persévérance dans les CLOM?