Résultats de recherche
Tricherie aux examens à l’université
4 novembre 2020
Résultats de recherche
4 novembre 2020
Dans leur récent article Étude sur la propension à tricher aux examens à l’université : élaboration et processus de validation du Questionnaire sur la tricherie aux examens à l’université (QTEU), paru dans la revue Mesure et Évaluation en éducation, les chercheurs Éric Frenette (Laval), Sylvie Fontaine (UQO), Marie-Hélène Hébert (TÉLUQ) et Mikhaël Éthier (UQO) ont élaboré un questionnaire visant à combler un manque dans le contexte francophone.
Outre les qualités psychométriques du Questionnaire sur la tricherie aux examens à l’université (QTEU) qui sont décrites dans l’article, certaines corrélations entre des variables ont été observées.
D’abord, il existe un lien négatif entre la propension à tricher aux examens et le contexte institutionnel, qui réfère aux règlements encadrant les pratiques en lien avec l’évaluation des étudiant·e·s.
Ce résultat indique que lorsque la politique institutionnelle est difficile à comprendre, qu’elle est méconnue ou que les conséquences vécues par les tricheurs sont méconnues, les étudiant·e·s ont une plus grande propension à tricher aux examens.
Il est possible de penser que cette méconnaissance des règlements officiels de l’institution suscite une « démarche de neutralisation » qui permet à la personne de banaliser son geste de tricherie et de justifier son action. Ainsi, l’étudiant·e peut se convaincre qu’il ne fait de mal à personne, que la victime (le/la professeur·e) l’a mérité ou encore que les autres le font aussi.
La propension à tricher aux examens, les modalités pour tricher (quitter la classe, prendre son cellulaire, regarder ses notes, etc.) et l’engagement étudiant dans les études présentent une corrélation élevée avec l’hétéroduperie, qui mesure la désirabilité sociale. Ces résultats indiquent que les réponses des étudiant·e·s au questionnaire sont teintées par la désirabilité sociale.
La désirabilité sociale émerge lorsque les répondant·e·s ont tendance à se représenter de façon avantageuse, plutôt que de répondre de façon véridique à un questionnaire. L’échelle d’hétéroduperie, qui est la plus utilisée, mesure la tendance à présenter une image favorable de soi à autrui.
Les résultats montrent une absence de différence de genre pour la propension à tricher aux examens, ce qui appuie les travaux précédents.
En ce qui concerne les facteurs associés, les hommes présentent une moyenne plus élevée pour l’influence des pairs et l’engagement dans les études, tandis que les femmes présentent une moyenne plus élevée pour la perception de contrôle sur les études.
Selon l’équipe de recherche, la faible propension à tricher aux examens chez les étudiant·e·s en éducation peut s’expliquer, du moins en partie, par la réalité contextuelle des programmes d’études en éducation.
En effet, les enjeux associés aux notes obtenues sont peut-être moins importants que dans les facultés de commerce, de droit ou de médecine, où les exigences sont élevées pour l’admission, la poursuite des études et les stages.
En ce qui a trait à l’engagement dans les études, l’équipe de recherche rappelle que bon nombre d’étudiant·e·s en éducation font de la suppléance, et ce, dès la première année de leur programme. Cette charge professionnelle qui s’ajoute au métier d’étudiant·e a peut-être une incidence sur leur engagement.
Dans cette recherche, l’ampleur de la tricherie au secondaire est légèrement plus faible que celle rapportée dans des recherche précédentes. Près de 60 % des étudiant·e·s affirment avoir déjà triché au secondaire et regardé sur la copie du voisin.
L’ampleur de la tricherie diminue à environ 36 % à l’université. La relation entre le fait d’avoir triché au secondaire et à l’université présente un niveau élevé et a été observée dans de nombreuses autres études.
Source : Frenette, E., Fontaine, S., Hébert, M.-H. & Éthier, M. (2019). Étude sur la propension à tricher aux examens à l’université : élaboration et processus de validation du Questionnaire sur la tricherie aux examens à l’université (QTEU). Mesure et évaluation en éducation, 42 (2), 1–33. https://doi.org/10.7202/1071514ar
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