La transition vers les études supérieures est une période chargée pour les étudiantes et les étudiants qui doivent s’adapter à de nouveaux défis éducatifs et à de nouvelles expériences sociales. Pour certaines personnes, le manque de connaissance des normes implicites et explicites de leur nouvel environnement peut complexifier la transition.

Une récente étude d’une équipe de l’Université de sciences appliquées d’Amsterdam s’intéresse aux effets d’un programme d’accueil visant le développement de capital académique.

Qu’est-ce le capital académique ?

L’équipe de recherche explique que capital académique réfère aux ressources, aux compétences, aux connaissances et aux réseaux de soutien qui facilitent l’intégration dans les institutions d’enseignement supérieur. Reconnaissant son importance dans la réussite étudiante, de nombreux établissements d’enseignement supérieur offrent des programmes d’accueil visant spécifiquement à développer le capital académique.

C’est le cas d’une université de sciences appliquées des Pays-Bas. Échelonné sur 3 jours, son programme vise à agir sur cinq composantes associées à la formation de capital académique :

  • L’orientation dans le système universitaire (la capacité à naviguer à travers l’environnement universitaire)
  • L’accès à des informations fiables (savoir identifier les personnes qui peuvent fournir des informations pertinentes, par exemple des personnes mentores ou des personnes enseignantes)
  • Le développement d’un réseau de soutien (la capacité à entrer en relation et à réseauter)
  • Le développement de la confiance en soi et en sa capacité à surmonter des obstacles
  • La compréhension des attentes liées aux études supérieures (en matière d’étude, de lecture, de travail)

Le développement de ces composantes passe par différentes activités :

  • Des ateliers abordant l’orientation dans un nouvel environnement, les sources d’information à l’université, les attentes des personnes enseignantes, les stratégies de lecture, de gestion du temps, etc.
  • Des conférences au sujet des défis auxquels font face les étudiantes et étudiants et au sujet du bonheur à l’université.
  • Des activités ludiques, notamment un jeu d’évasion, pour connaître les ressources de soutien et encourager la création de lien entre pairs.

Enfin, des groupes de cinq à six personnes étudiantes, accompagnés d’une personne étudiante agissant à titre de mentor, étaient constitués pour s’accompagner et interagir durant le programme.

L’équipe de recherche a évalué les retombées du programme grâce à deux questionnaires (l’un rempli avant le programme et l’autre après). Elle a aussi conduit des groupes de discussion pour contextualiser les données récoltées par questionnaire. Cette démarche de recherche visait à savoir si les étudiantes et les étudiants percevaient une amélioration de le leur capital académique à la suite de leur participation au programme d’accueil. Toutes les participantes et tous les participants au programme ont répondu aux questionnaires (n=65) et 18 personnes ont été entendues dans 3 groupes de discussion.

Un programme prometteur

Les propos recueillis montrent que les participantes et participants estiment avoir une meilleure capacité à s’orienter dans l’environnement universitaire et à accéder à des sources d’information pertinentes au sujet de leur établissement :

  • Les informations fournies par les personnes mentores ont été jugées particulièrement pertinentes. Ces informations étaient concrètes et ancrées dans la réalité des nouveaux étudiants et étudiantes.

Selon les données du questionnaire, les étudiantes et les étudiants n’ont pas noté de différence dans leur habileté à créer un réseau social à la suite de leur participation au programme. Cependant les propos recueillis dans le cadre des groupes de discussion montrent tout de même que le programme d’accueil a facilité certaines rencontres :

  • Les participantes et participants disent avoir apprécié le fait de pouvoir rencontrer d’autres personnes qui vivaient une expérience similaire à la leur. Ces rencontres ont contribué à la création d’un réseau de soutien.
  • Ces personnes relèvent également que, grâce au programme d’accueil, elles ont appris l’existence d’associations étudiantes auxquelles elles se sont ensuite jointes.

Les données du questionnaire et des groupes de discussion montrent aussi une hausse de la perception de la capacité à surmonter des obstacles.

  • En groupe de discussion, les participantes et participants ont dit avoir apprécié les conférences abordant les difficultés à s’orienter dans un nouvel environnement ou les inquiétudes liées à l’arrivée à l’université. Elles et ils se sont reconnus dans ces témoignages et ont pu normaliser leur expérience.
  • Les groupes de discussion montrent aussi que le programme a amené les personnes étudiantes à aborder la transition avec confiance et à reconnaître leur part de responsabilité dans ce processus (ex. faire preuve de proactivité pour rechercher des réponses à ses questions).

Enfin, les données récoltées montrent une amélioration quant à la compréhension des attentes et des responsabilités liées aux études supérieures. Le programme d’accueil a notamment permis de comprendre l’importance d’être discipliné (dans la réalisation de travaux, dans la préparation pour les cours) et d’organiser son emploi du temps.

Quelques clés pour un programme d’accueil efficace

Au terme de cette étude, l’équipe de recherche relève les éléments à considérer pour l’élaboration d’un programme visant le développement de capital académique chez les personnes étudiantes de première année :

  • La présence de personnes étudiantes mentores semble particulièrement aidante, tout comme les interactions avec les personnes enseignantes. Ces échanges contribuent à accroître la confiance des étudiantes et étudiants de première année envers leur nouvel environnement d’études.
  • La consolidation d’un réseau de soutien est particulièrement importante pour accroître le sentiment d’appartenance. Un programme d’accueil peut faciliter le développement de liens, mais les établissements doivent aussi offrir des opportunités de rencontres les semaines suivant la rentrée.
  • Pour renforcer la confiance des étudiantes et étudiants dans leur capacité à surmonter les obstacles, les établissements pourraient organiser des activités axées sur le développement de l’estime de soi et de l’esprit d’initiative.
  • Enfin, les programmes d’accueil devraient inclure des ateliers pratiques permettant de développer des compétences associées au « métier d’étudiant » (gestion du temps, collaboration, lecture et écriture) afin de les aider à vivre une transition harmonieuse.

Référence

Agricola, B., Veraa, F., Diepen, M. van et Elffers, L. (2024). Academic Capital Formation Upon the Transition to Higher Education: First-Year Students’ Experiences After Participation in a Preacademic Program. Journal of Postsecondary Student Success, 4(1), 73‑101. https://doi.org/10.33009/fsop_jpss132840