Une équipe de l’Université de Guelph (Ontario) se penche sur les perceptions d’étudiantes et étudiants des cycles supérieurs quant à leur santé mentale.

Cette étude visait à connaître l’état de santé et le niveau de bien-être de ces étudiantes et étudiants, mais aussi à identifier les moyens que l’université pourrait adopter afin de mieux les soutenir.

La santé mentale étudiante : une préoccupation majeure

Les étudiantes et étudiants des cycles supérieurs risquent grandement de vivre des problèmes de santé mentale en raison de la complexité des cours suivis aux cycles supérieurs, de problèmes liés au financement de leurs études, de la pression liée au développement de leur carrière, de la difficulté à concilier les études avec le travail et la famille ou encore en raison d’enjeux liés à la supervision de leurs travaux.

Malgré ces risques accrus, l’équipe de recherche explique que les études se concentrent rarement sur cette population étudiante. C’est pour combler ce fossé qu’elle s’est intéressée à la population étudiante des cycles supérieurs de son université.

Les résultats présentés dans l’article découlent des réponses fournies à un questionnaire en ligne par 648 étudiantes et étudiants inscrits à des études de cycles supérieurs. Ce questionnaire évaluait, à l’aide de différentes échelles, le niveau d’épuisement, de solitude, d’anxiété, de satisfaction, de stress et de dépression. Des questions ouvertes exploraient également les opinions des répondantes et répondants au sujet du soutien offert et souhaité au sein de leur établissement.

Une perception mitigée du soutien offert

De façon générale, les répondantes et répondants ont rapporté des niveaux modérés à élevés d’épuisement, de cynisme, de solitude, de stress, d’anxiété et de dépression. Ces niveaux sont par ailleurs plus élevés que ceux observés avant la pandémie, si l’on se rapporte à des études antérieures ayant utilisé les mêmes échelles de mesure et des échantillons similaires.

La majorité des répondants et répondantes jugent que les services généraux offerts à l’université ne sont pas très utiles pour leur bien-être. Environ 55 % perçoivent les services en santé et les services en santé mentale comme étant peu soutenant ou sont indifférents à leur égard.

En revanche, le soutien offert par des entités plus proches des étudiantes et étudiants semble mieux répondre à leurs besoins :

  • 84 % des répondantes et répondants ont jugé que leur directrice ou leur directeur de recherche était soutenant ou très soutenant.
  • 63 % ont jugé leur département comme soutenant ou très soutenant.

Quelles sont les mesures de soutien souhaitées ?

Les actions suggérées par les répondantes et répondants pour mieux soutenir leur bien-être et leur santé mentale touchaient différents acteurs et actrices universitaires.

À l’intention de la haute direction, les répondantes et répondants recommandent de:

  • Fournir un soutien financier accru et adapté à la croissance du coût de la vie, afin de réduire le stress associé à la précarité financière.
  • Permettre davantage de flexibilité dans les politiques et les procédures de l’université et des programmes (ex. plus de flexibilité dans les horaires et les parcours, davantage de cours et de services en ligne).
  • Accroître la transparence des processus décisionnels, notamment grâce à l’inclusion des étudiantes et des étudiants, afin de répondre adéquatement et durablement à leurs besoins.

À l’intention des services de soutien en santé mentale, les répondantes et répondants recommandent de :

  • Augmenter l’offre de services, diminuer le temps d’attente pour recevoir un service, réduire les coûts, et offrir un accès à des rendez-vous sur une base régulière.
  • Mieux communiquer au sujet des services offerts. Cela pourrait passer par des opérations de communication, des actions de sensibilisation ou des formations auprès de la population étudiante.
  • Adapter les services à la réalité des étudiantes et étudiants des cycles supérieurs ou d’étudiants ayant des besoins spécifiques (ex. étudiantes et étudiants parents, étudiantes et étudiants internationaux, personnes de la diversité sexuelle et de genre).

À l’intention des départements, les répondantes et répondants recommandent de :

  • Rendre les environnements de travail plus bienveillants et moins axés sur les notes.
  • Réduire les stigmates associés à la santé mentale et au fait d’en prendre soin (ex. consulter des personnes professionnelles, prendre des pauses, revoir la durée de ses études).
  • Susciter la création de liens entre les étudiantes et les étudiants et leur cohorte, leur département et leur faculté.
  • Offrir de la formation aux personnes qui dirigent les projets de recherche d’étudiantes et d’étudiants, en lien avec leur rôle et le soutien à fournir aux personnes étudiantes.
  • Proposer des opportunités de développement professionnel (ex. réseautage professionnel, de planification de carrière, offre de travail).

Référence

Martow, J. H., Thornton, E. M., Conlon, P., Jones, A. Q., Lyons, S., Khosa, D., Hewson, J., Roche, S., Wright, C. et Lumley, M. N. (2024). Time to act: Mental health and desired university supports among graduate students. Higher Education Research & Development, 1‑15. https://doi.org/10.1080/07294360.2024.2410271