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Réduire la solitude : quelques pistes d’action
22 octobre 2024
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22 octobre 2024
Les jeunes sont de plus en plus nombreux à vivre de la solitude. Comment renverser cette tendance ?
Un récent article publié par une équipe de l’Université d’État de l’Illinois offre quelques pistes pour mieux comprendre qui est affecté par la solitude et comment briser l’isolement des étudiantes et étudiants.
En 2023, le Directeur général de la santé des États-Unis [U.S. Surgeon General] alertait sur l’épidémie de solitude et d’isolement : des rapports nationaux concluaient à une hausse générale de la solitude rapportée par les Américains et les Américaines. En parallèle, des études montraient que les personnes âgées de 18 à 22 ans déclaraient de plus hauts niveaux de solitude.
Au Québec aussi les jeunes sont proportionnellement plus nombreux à ressentir de l’isolement.
Selon les données de l’INSPQ (2024), au 30 décembre 2023, 46 % des jeunes de 18 à 24 ans disaient s’être sentis isolés durant le mois précédent, comparativement à 38 % des 25-44 ans, 22 % des 45-59 ans, 15 % des 60-69 ans et 19 % des 70 ans et plus.
L’équipe de recherche explique que cette situation est inquiétante, car vivre de la solitude sur une base régulière est associé à des problèmes de santé mentale, des problèmes de sommeil et des déficits immunitaires. Des études ont même montré que le manque de liens sociaux et la solitude peuvent s’accompagner de risques de mortalité accrus. Au sein de la population étudiante en enseignement supérieur, le manque de liens sociaux est souvent identifié comme raison de quitter un programme d’études.
Qu’est-ce que la solitude ?
L’équipe de recherche définit la solitude comme « une expérience subjective pénible qui résulte d’un sentiment d’isolement ou d’une insuffisance de liens significatifs, l’insuffisance faisant référence à un besoin non satisfait ou à l’écart entre l’expérience souhaitée et l’expérience réelle d’un individu. » (U. S. Surgeon General, 2023 dans Wodika et al. p.2 [traduction libre])
La solitude peut être exacerbée par des facteurs internes (ex. conditions de santé), mais aussi par des facteurs externes (ex. climat politique et social). L’utilisation des écrans et des réseaux sociaux est également associée une hausse de la solitude.
Cette situation a donc amené l’équipe de recherche à s’intéresser à la solitude dans sa propre université. L’équipe a souhaité savoir quelles caractéristiques démographiques sont associées à la solitude (autodéclarée) et quelles interventions sont, selon les personnes étudiantes, les plus susceptibles de favoriser la création de liens dans leur campus.
Leurs conclusions sont tirées d’une enquête par questionnaire menée auprès de 487 étudiantes et étudiants. Le questionnaire était basé sur la « UCLA Loneliness Scale », un outil mesurant 20 éléments associés à la solitude.
Les données recueillies confirment que tous les étudiants et toutes étudiantes sont susceptibles de vivre de la solitude. De façon globale, les items mesurés dans le questionnaire n’ont pas montré de différences significatives associées au genre, à l’origine ethnique ou à l’année scolaire des personnes participantes quant au niveau de solitude rapporté.
Néanmoins, l’équipe de recherche a remarqué que certains éléments mesurés dans le questionnaire étaient davantage associés à des populations étudiantes en particulier. Par exemple, les personnes non-binaires étaient plus nombreuses à déclarer manquer de relations amicales ou se sentir isolées. Les hommes étaient plus nombreux à déclarer n’avoir rarement ou jamais quelqu’un vers qui se tourner. Les personnes en première année d’études se sentaient davantage exclues, tandis que les personnes en dernière année se disaient davantage isolées.
Les personnes répondantes ont aussi été interrogées sur les interventions qui les aideraient à créer des liens sur les campus.
Elles recommandent notamment aux établissements :
Les étudiantes et étudiants ont aussi relevé des pistes d’actions s’adressant plus spécifiquement au personnel enseignant :
À ces recommandations, l’équipe de recherche ajoute que les établissements devraient documenter le phénomène de la solitude chez leurs étudiantes et étudiantes, pour être en mesure d’identifier les populations les plus à risque. Les personnes étudiantes devraient également être outillées pour identifier leurs propres besoins en matière de santé mentale et les ressources susceptibles de les aider.
INSPQ. (2024). Santé mentale, consommation de cannabis et jeux d’argent en ligne, 30 décembre 2023. https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondage-prevention-habitudes-de-vie/consommation-30dec
Wodika, A., Lanier, J., Almeda, J., Richter, A. et Schalasky, G. (s. d.). Helping Students Make Meaningful Connections: A Cross-Sectional Survey of College Student Loneliness. American Journal of Health Education. https://doi.org/10.1080/19325037.2024.2396586
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