Pour mieux comprendre comment le sentiment d’appartenance se manifeste en enseignement supérieur, une équipe de recherche américaine et australienne a conduit une revue de la littérature des 20 dernières années sur le sujet.

L’équipe a analysé 33 articles provenant d’une douzaine de pays, parus dans le Journal of University Teaching and Learning Practice.

Qu’est-ce que le sentiment d’appartenance?

L’équipe explique qu’en contexte d’enseignement supérieur, le sentiment d’appartenance peut être appréhendé comme un phénomène aux multiples facettes qui inclut :

  • La qualité des relations des étudiantes et étudiants avec leurs pairs et leurs enseignantes et enseignants ;
  • Le sentiment d’être soutenu, accepté et respecté par les membres de la communauté universitaire ;
  • Le fait de se sentir partie prenante de l’établissement, d’y être connecté, de se sentir engagé.

Ce sentiment se façonne à mesure que la personne étudiante avance dans son parcours et peut être influencé par des facteurs culturels et contextuels.

Des recherches ont démontré que le sentiment d’appartenance est un déterminant de la réussite académique et du bien-être psychologique.

Par son influence sur l’estime de soi, la résilience et le plaisir d’apprendre, le développement du sentiment d’appartenance entraîne des répercussions tangibles sur la rétention des personnes étudiantes, leur sentiment d’efficacité personnelle et leur engagement dans les activités académiques.

Les facteurs clés du développement du sentiment d’appartenance

Les études analysées ont permis d’identifier 4 facteurs qui contribuent au développement du sentiment d’appartenance :

  • Les approches à l’échelle des établissements, qui témoignent d’un effort collectif et d’une attention prioritaire accordée au développement du sentiment d’appartenance des personnes étudiantes.
  • La création et le maintien d’environnements inclusifs, qui permettent de répondre à des besoins variés, et qui mettent de l’avant des valeurs d’inclusion et d’ouverture.
  • Les pratiques des personnes enseignantes qui favorisent un sentiment de connexion et d’inclusion, ou encore qui témoignent de l’engagement de la personne enseignante face à ses étudiantes et étudiants.
  • La qualité des relations des étudiantes et étudiants entre eux, et avec les personnes enseignantes.

Quels sont les défis et obstacles à l’appartenance ?

Trois catégories de barrières au sentiment d’appartenance sont relevées :

  • L’exclusion de personnes étudiantes sur la base de leur genre, leur orientation sexuelle, leur culture, leur statut socioéconomique, leur âge ou encore leur situation de handicap. Le tiers des études retenues ont abordé le sentiment d’exclusion qui résulte de la sous-représentation de certains groupes sociaux parmi le personnel enseignant ou professionnel, ou encore du manque de diversité dans le contenu des cours ou des campagnes promotionnelles.
  • Le manque de relations significatives entre pairs étudiants et étudiantes et avec les personnes enseignantes. Près du tiers des études ont relevé le manque d’occasion pour certains étudiantes et étudiants non traditionnels de bâtir ces relations – que ce soit dans le contexte de la classe ou des activités sur le campus.
  • Le manque d’occasion de rentrer en contact avec ses pairs ou aux personnes enseignantes, dans le contexte de la COVID-19 et de l’apprentissage à distance. Le quart des études a relevé l’isolement comme entrave au développement du sentiment d’appartenance.

Près de la moitié des études recensées ont relevé des défis liés au développement du sentiment d’appartenance chez des populations étudiantes marginalisées (ex. étudiantes et étudiants internationaux, personnes LGBTQ+, personnes issues de milieux socioéconomiques défavorisés, étudiantes et étudiants de première génération). Ces études font valoir que les conceptions du sentiment d’appartenance qui mettent en valeur la culture dominante ont pour effet d’exclure les expériences ou les perspectives de certaines populations étudiantes. Pour l’équipe de recherche, ces études montrent qu’il est nécessaire d’adopter une conception du sentiment d’appartenance qui valorise la diversité et l’inclusion.

Quelles sont les stratégies des établissements?

Enfin, l’équipe de recherche a identifié 5 catégories de stratégies visant à développer le sentiment d’appartenance chez les populations étudiantes.

  • Les actions à diverses échelles : ces stratégies incluent diverses pratiques institutionnelles, telles que des programmes de soutien à l’engagement étudiant et des politiques qui encouragent l’expression des étudiantes et étudiants.
  • Les actions qui visent la création de liens : en contexte de cours en ligne, certains établissements agissent pour susciter des conversations informelles entre les étudiantes et étudiants, de même que pour accroître la disponibilité des personnes enseignantes.
  • L’adoption de pratiques enseignantes favorables au sentiment d’appartenance : les personnes enseignantes sont bien placées pour offrir des occasions de socialisation. Elles peuvent, par exemple, encourager le travail collaboratif et les échanges entre personnes étudiantes.
  • L’utilisation de technologies : certaines technologies contribuent au développement du sentiment d’appartenance. C’est le cas des outils de réunion virtuelle, des réseaux sociaux numériques, du clavardage, des activités interactives faisant appel à des technologies (quiz, tableaux blancs).
  • La création d’environnements inclusifs, qui valorisent la diversité. Les études analysées donnent plusieurs exemples de pratiques inclusives qui ont des répercussions positives sur le sentiment d’appartenance. Il est notamment question d’intégration de voix autochtones, d’adoption de pédagogies inclusives, de programmes d’aide à la transition vers les études supérieures de personnes issues de milieux socioéconomiques défavorisés.

Référence

Allen, K., Slaten, C., Hong, S., Lan, M., Craig, H., May, F. et Counted, V. (2024). Belonging in Higher Education: A Twenty-Year Systematic Review. Journal of University Teaching and Learning Practice, 21(5). https://doi.org/10.53761/s2he6n66