Une équipe de recherche australienne confirme le lien étroit entre le sentiment d’appartenance à l’établissement d’enseignement, la persévérance scolaire et la motivation des étudiantes et des étudiants.

Les résultats de cette recherche menée en Australie par M.L. Pedler (Southern Cross University), R. Willis (Southern Cross College) et J. E. Nieuwoudt (Southern Cross University) sont présentés dans un article paru dans le plus récent numéro du Journal of Further and Higher Education.

Après avoir examiné la littérature scientifique portant sur la persévérance scolaire en enseignement supérieur, l’équipe de recherche a créé un questionnaire en ligne visant à identifier les raisons pour lesquelles les personnes étudiantes avaient déjà envisagé d’abandonner leurs études universitaires, de même que celles pour lesquelles elles avaient choisi de persévérer.

Les personnes qui ont répondu au questionnaire (n=578) étaient majoritairement des femmes (73 %), étudiaient pour la plupart à temps plein (58 %) et étaient nombreuses à faire partie de la première génération de leur famille à fréquenter l’université (65 %).

Principaux constats

Les chercheuses rappellent d’abord que le sentiment d’appartenance d’une personne étudiante peut avoir un impact sur son engagement en classe, sa motivation scolaire et la croyance en ses capacités, en plus d’influencer son sentiment d’inclusion ou d’exclusion à l’université (Burke et al., 2016, dans Pedler et al., 2022).

Appartenance et première génération

La présente recherche révèle une différence significative sur le plan du sentiment d’appartenance entre :

  1. les personnes étudiantes dont les deux parents détiennent un diplôme universitaire ;
  2. les personnes étudiantes dont un parent ou aucun parent ne détient pas de diplôme universitaire.

Selon les chercheuses, l’expérience universitaire peut s’avérer particulièrement difficile pour les personnes étudiantes de première génération, notamment pour celles dont les antécédents familiaux ne coïncident pas avec le « narratif dominant de l’enseignement supérieur » (Araujo et al., 2014, dans Pedler et al., 2022).

Fréquenter l’université peut ressembler, pour ces personnes étudiantes de première génération, au fait de « se rendre dans un pays étranger où l’on ne connaît ni la langue ni les pratiques culturelles. » (traduction libre, Meehan et Howells, 2019, dans Pedler et al., 2022).

Elles peuvent avoir l’impression de ne pas s’intégrer, ou encore qu’il existe un manque d’adéquation entre leurs besoins et les exigences de l’université. Pour cette raison, un soutien et des activités qui favorisent le sentiment d’appartenance devraient être offerts en vue de créer  une plus grande équité en enseignement supérieur (Burke et al. 2016, dans Pedler et al., 2022).

Appartenance et persévérance universitaire

Selon cette recherche, 15,4 % des personnes étudiantes ont indiqué qu’elles avaient souvent envisagé d’abandonner leurs études. Ce résultat fait écho à des recherches internationales qui indiquent que 20 % d’entre elles risquent de ne pas terminer leurs études en Australie, jusqu’à 50 % aux États-Unis ou en France, et environ 30 % au Royaume-Uni (Meehan et Howells 2019, dans Pedler et al., 2022).

Les personnes répondantes qui ont déclaré avoir parfois ou souvent envisagé de quitter l’université sans avoir terminé leurs études avaient un sentiment d’appartenance significativement plus faible que les autres groupes (p.404).

Ce constat émane aussi de recherches antérieures selon lesquelles les personnes étudiantes ayant un faible sentiment d’appartenance risquent davantage d’abandonner leurs études universitaires (Fourie, 2020 ; Soria et Stubblefield 2015, dans Pedler et al., 2022).

Appartenance, motivation et plaisir

Cette recherche établit également un lien positif entre le sentiment d’appartenance, la motivation et le plaisir.

Les chercheuses font d’abord état d’une corrélation positive entre les niveaux de motivation déclarés par les personnes participantes et leur sentiment d’appartenance envers l’établissement fréquenté. Selon les chercheuses, il est probable qu’une combinaison de facteurs favorise leur sentiment d’appartenance. Le fait de se sentir appartenir à une classe peut, par exemple, favoriser des croyances motivationnelles positives par rapport à cette classe (p.405).

Les personnes étudiantes de première génération qui ressentent un sentiment d’appartenance envers l’université fréquentée peuvent avoir la motivation nécessaire pour assister aux cours et augmenter leur participation (ibid.).

Selon Pedler et al. (2022), il existe également une relation importante entre le sentiment d’appartenance et le plaisir. Peu d’études ont examiné ce lien, alors que le plaisir constitue une émotion importante dans le contexte éducatif et est susceptible d’influencer la réussite (ibid.).

Une recherche précédente de Sandstrom et Rawn (2015, dans Pedler et al., 2022) a d’ailleurs montré que les étudiantes et les étudiants qui ont beaucoup d’interactions sociales à l’université ressentent un fort sentiment d’appartenance envers leur établissement, sentiment qui est à son tour lié à un plus grand plaisir en classe. Ce résultat suggère ainsi une corrélation positive entre le sentiment d’appartenance et le plaisir (ibid.).

En somme, cette recherche montre que le sentiment d’appartenance des personnes étudiantes revêt une grande importance pour les établissements d’enseignement supérieur, car il accroît leur motivation académique et, ultimement, leur réussite.  

En effet, lorsque les étudiantes et les étudiants se sentent en lien avec leur établissement et avec la communauté universitaire, elles et ils sont plus susceptibles de persévérer dans leurs études (p.406).

Ce constat est particulièrement vrai pour les étudiantes et les étudiants de première année, qui possèdent les taux d’abandon les plus élevés dans les universités du monde entier.

Référence

Pedler, M.L., Willis, R. et Nieuwoudt, J.E. (2022) A sense of belonging at university: student retention, motivation and enjoyment. Journal of Further and Higher Education, 46(3), 397-408. DOI: https://doi.org/10.1080/0309877X.2021.1955844