Résultats de recherche
Compétences en communication orale chez les étudiant·es du collégial
11 mai 2022
Résultats de recherche
11 mai 2022
Cette recherche québécoise, dont les résultats sont parus dans un article disponible en libre accès dans la revue Mesures et évaluation en éducation (2021), a été menée par Simon Langlois (Cégep Marie-Victorin) et Caroline Cormier (Cégep André-Laurendeau).
Langlois et Cormier (2021) notent qu’un consensus est apparu ces dernières années sur la nécessité de développer les habiletés orales des étudiant·es afin qu’ils et elles répondent davantage aux qualifications recherchées sur le marché du travail et participent aux débats scientifiques (§1).
Or, l’habileté à communiquer oralement n’est souvent pas maitrisée par les étudiant·es au terme de leurs études et certain·es ne perçoivent pas la pertinence de bien s’exprimer pour leur future carrière, notamment en sciences (Leggett et al., 2004, dans Langlois et Cormier, 2021).
Selon l’équipe de recherche, il existe peu d’outils pour évaluer l’attitude des étudiant·es postsecondaires envers la communication orale, notamment en sciences (§4). Pour pallier ce manque, elle propose un modèle théorique des perceptions et de l’attitude envers la communication orale en sciences, en plus de créer un questionnaire découlant de ce modèle intitulé Perceptions et attitude envers la communication orale en sciences (PACOS).
Ce sont 1295 étudiant·es du réseau collégial québécois inscrit·es dans le programme de sciences de la nature qui ont été sondé·es pour valider ce modèle et cet outil portant sur leur attitude envers la communication orale.
Ce modèle et cet outil sont construits à partir des principaux concepts suivants :
« Le sentiment d’efficacité personnelle repose sur la croyance qu’a un individu de sa capacité à réaliser une tâche [croyances d’efficacité] et de sa capacité à organiser et exécuter la ligne de conduite requise pour produire des résultats souhaités [attentes de résultat] » (Bandura, 2019, dans Langlois et Cormier, 2021, §17).
Il s’agit de l’anxiété à produire un discours oral devant public (ou glossophobie), qui a comme principale source la peur d’être jugé·e négativement par l’auditoire (Schlenker et Leary, 1982, dans Langlois et Cormier, 2021, §25).
Le plaisir réfère à un sentiment positif à l’idée de faire une communication orale (van Aalderen-Smeets et al., 2012, dans Langlois et Cormier, 2021, §30).
La pertinence perçue par l’étudiant·e de la communication orale réfère autant à l’importance globale attribuée à cette tâche qu’à la perception d’utilité pour son avenir personnel (Viau, 2009, dans Langlois et Cormier, 2021, §32).
Deux aspects du sentiment d’efficacité personnelle lors d’une communication orale en sciences ont émergé lors de l’élaboration du questionnaire PACOS :
Ces deux aspects constituent une observation jusqu’alors inédite dans les écrits de recherche sur le sujet (§68). Cette division du sentiment d’efficacité personnelle en deux aspects suggère que les étudiant·es peuvent avoir des croyances d’efficacité qui sont distinctes de leurs attentes de résultat (§70).
Ces deux types d’attentes sont décrits par Bandura (2019) comme la « capacité à organiser et à exécuter la ligne de conduite requise pour produire des résultats souhaités » et « la croyance qu’a un individu de sa capacité à réaliser une tâche » (§70) :
L’évaluation globale de PACOS montre que le questionnaire a de bonnes qualités psychométriques et qu’il soutient le modèle théorique élaboré par Langlois et Cormier (2021) (§73).
Le modèle mériterait toutefois d’être utilisé dans un contexte d’évaluation de la dimension comportementale (action), c’est-à-dire la compétence réelle de l’étudiant·e en communication orale (77§) et non strictement son attitude et ses perceptions envers cette dernière.
Enfin, puisque les résultats suggèrent qu’il existe deux aspects du sentiment d’efficacité personnelle (« normes et contenu » et « sens du spectacle »), il peut être pertinent d’examiner le lien entre la compétence à l’oral et chacun de ces deux aspects.
Il conviendrait également de se demander quel facteur parmi les cinq présents dans le modèle – le plaisir, l’anxiété, la perception de pertinence, le sentiment d’efficacité personnelle (aspect « normes et contenu ») ou le sentiment d’efficacité personnelle (aspect « sens du spectacle ») – serait le meilleur prédicteur de la compétence en communication orale (79§).
Référence :
Langlois, S. et Cormier, C. (2021). Élaboration de l’échelle Perceptions et attitude envers la communication orale en sciences (PACOS) auprès d’étudiants du postsecondaire en sciences. Mesure et évaluation en éducation, 44(1), 61–101.
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