Le ministère de l’Enseignement supérieur présente un portrait des violences à caractère sexuel (VACS) dans son récent plan d’action pour contrer ces violences.

Le Plan d’action visant à prévenir et à contrer les violences à caractère sexuel en enseignement supérieur énonce la vision et les actions du ministère en matière de VACS. Il contient 11 mesures regroupées en trois axes d’intervention :

  1. Prévenir
  2. Accompagner les personnes
  3. Développer les connaissances et partager l’expertise pour mieux agir

Des investissements de 54 millions de dollars sur cinq ans doivent contribuer à l’atteinte des objectifs du plan.

Le plan d’action inclut quelques données provenant de diverses études sur les VACS dans le milieu de l’enseignement supérieur. Ces études démontrent la prévalence des VACS dans les établissements postsecondaires, leur faible de taux de signalement ainsi que les conséquences psychosociales de ces actes sur les personnes qui en sont victimes.

Un phénomène fréquent

Une enquête de Statistique Canada réalisée auprès d’établissements d’enseignement supérieur canadiens a montré que 71 % des étudiants et étudiantes ont été témoins ou victimes « de comportements sexualisés non désirés, sur le campus ou hors campus, dans une situation impliquant des étudiants ou étudiantes ou d’autres personnes rattachées à l’établissement d’enseignement. » (Burczycka, 2020 dans MES, 2023, p.7)

Deux enquêtes réalisées au Québec en 2016 et 2020 (l’Enquête sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire [ESSIMU] : ce qu’en disent étudiant.es, enseignant.es et employé.es et le Projet intercollégial d’étude sur le consentement, l’égalité et la sexualité [PIECES]) ont également montré la forte prévalence des VACS dans les établissements d’enseignement.

Selon ces enquêtes, « plus du tiers de la communauté collégiale et universitaire rapporte avoir subi au moins une forme de violence sexuelle depuis son arrivée dans l’établissement, les gestes ayant été commis par une autre personne affiliée au même établissement. » (MES, 2023, p.7) Tant au cégep qu’à l’université, le harcèlement sexuel est la forme de violence la plus courante.

De plus, les données des enquêtes ESSIMU et PIECES font ressortir que les personnes issues des minorités sexuelles et de genre sont plus souvent victimes de VACS.

Peu de signalements

Toujours selon les données des enquêtes ESSIMU et PIECES rapportées dans le plan d’action du MES, moins d’une personne sur dix affirme avoir signalé ou dénoncé les événements subis à une instance ou à une ressource de l’établissement.

« Les raisons les plus fréquentes pour lesquelles les personnes victimes n’ont pas dénoncé la situation, en milieu collégial, sont : la croyance que la situation n’était pas assez grave […] ; le fait que l’événement n’a pas été considéré comme une violence sexuelle […] ; et le sentiment d’être en mesure de gérer la situation par soi-même. »

(Bergeron et al. 2020, dans MES, 2023, p.12)

« Pour ce qui est du milieu universitaire, les principales raisons de non-dévoilement sont : la croyance que la situation n’était pas assez grave (78,6 %) ; la volonté de mettre l’incident derrière soi et de ne plus y penser (29,8 %) ; et la crainte que la situation ne soit pas prise au sérieux par des personnes de l’université (20,2 %) »

(Bergeron et al. 2016, dans MES, 2023, p.12)

Des répercussions négatives sur les victimes

Les enquêtes ESSIMU ET PIECES lèvent aussi le voile sur les répercussions négatives des VACS :

    • Près d’une personne sur deux a mentionné au moins une conséquence négative liée à la consommation d’alcool ou de drogue, la difficulté à poursuivre des activités sexuelles, intimes ou affectives ainsi que la présence de douleurs physiques.

    • Une baisse des résultats scolaires, un plus haut taux d’absentéisme, des difficultés à se concentrer durant les cours ou même une décision de quitter l’établissement ont été nommées par les personnes victimes.

    À noter que l’axe 3 du plan d’action (Développer les connaissances et partager l’expertise pour mieux agir) a pour objectif de « favoriser la recherche afin de recueillir et de partager des données probantes en matière de violences à caractère sexuel concernant l’ensemble de la population étudiante et des membres du personnel en enseignement supérieur » (p.34). Le ministère prévoit ainsi réaliser une enquête nationale sur les VACS dans les établissements d’enseignement supérieur en collaboration avec l’Institut de la statistique du Québec et la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur.

    Référence

    Ministère de l’Enseignement supérieur [MES]. (2022). Prévenir et contrer les violences à caractère sexuel en enseignement supérieur : Plan d’action 2022-2023.