Alors que les populations étudiantes se diversifient, la reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) est de plus en plus présentée comme un levier important pour élargir l’accès à l’enseignement supérieur. Mais que savons-nous des impacts de la RAC sur les parcours éducatifs?  

Une équipe de recherche, composée de R. Bélisle, E. Supeno, S. Breton et É. Mottais, a réalisé une vaste revue de littérature pour répondre à cette question. Leur mandat de recherche, confié par le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI) consistait à « documenter les impacts de la RAC sur le parcours de formation des étudiants universitaires ».

Le rapport se divise en trois sections :

  1. Le contexte et le cadre de référence de la reconnaissance des acquis (RA) universitaire
  2. Les modalités méthodologiques de la recension des écrits
  3. L’état des connaissances sur la RA universitaire

L’ORES s’intéresse ici à une section de la troisième partie du rapport, portant sur les impacts documentés de la RA1 universitaire sur la persévérance et la diplomation. Nous retiendrons également les pistes d’actions proposées par l’équipe de recherche.

1 L’expression « reconnaissance des acquis » (RA) est utilisée dans ce rapport plutôt que celle de reconnaissance des acquis et des compétences (RAC), souvent employé au Québec.

Qu’est-ce que la RA ?

La reconnaissance des acquis est un ensemble de pratiques visant à reconnaître, valider et accréditer des acquis d’apprentissages « développés antérieurement et dans un autre contexte que celui de l’organisation émettrice d’une sanction des études ou autre formation » (p.8). La RA comporte quatre fonctions :

  1. Admettre dans un programme une personne qui ne détient pas les préalables officiels.
  2. Attribuer des crédits pour une activité d’apprentissage dont une personne détient déjà les acquis.
  3. Décerner un diplôme à une personne sans qu’elle ait à suivre les activités pédagogiques prévues au programme. Cette fonction, en vigueur dans le milieu collégial, n’existe pas dans les universités québécoises, au contraire des établissements universitaires français ou suisses, par exemple.
  4. Contribuer au développement personnel de la personne, grâce à la « démarche d’introspection, de recueil et d’articulation d’observations ou de preuves sur ses pratiques » (p.20).   

Des impacts positifs avérés sur la réussite étudiante

  • Performance scolaire et durée du parcours

Les études montrent que les personnes qui ont recours à la RA obtiennent en moyenne de meilleurs résultats académiques que leurs pairs. La durée de leur parcours, de l’inscription à la diplomation, serait aussi significativement inférieure. Cette dernière tendance, observée ailleurs dans le monde, ne serait pas cependant directement transférable à la situation québécoise en raison des modalités différentes de la RA.

  • Persévérance et rétention

À l’étape de l’admission, la RA permet à des personnes qui n’ont pas les préalables scolaires d’accéder à l’enseignement supérieur. Si l’on considère l’ensemble des personnes qui ont obtenu des crédits grâce à la RA, la recherche montre qu’elles présentent des taux de persévérance comparables, voire supérieurs à leurs pairs n’y ayant pas eu recours.

  • Diplomation

Les études montrent que le recours à la RA est associé à de meilleurs taux de diplomation. Une étude étatsunienne révèle par exemple que la RA augmente de 17 % la probabilité d’obtenir un diplôme, et que cette tendance est vraie, quoiqu’à des degrés variables, pour tous les sous-groupes étudiés, peu importe leurs caractéristiques sociodémographiques ou académiques.

Une démarche qui doit être soutenue

Parmi les raisons qui poussent certaines personnes à interrompre ou abandonner une démarche de RA, les études identifient des facteurs liés à la situation personnelle, professionnelle, ou encore à la durée ou à la lourdeur du processus administratif.

Sur le plan qualitatif, les études tendent à montrer que les personnes qui détiennent déjà une qualification et qui ont de bonnes compétences communicationnelles et argumentatives sont avantagées dans leur démarche de RA. Les modalités d’évaluation intégrées au dispositif (portfolio ou examen standardisé, par exemple) ont également un impact sur le taux de réussite. Plusieurs études font valoir l’importance de l’accompagnement professionnel du début à la fin de la démarche.

D’autres bénéfices plus intangibles

Outre les impacts directs sur le parcours académique et la diplomation, la RA apporte aussi d’autres retombées positives sur les personnes candidates : gain de temps, d’argent, motivation accrue, meilleure confiance en soi, reconnaissance sociale, développement de nouvelles compétences.

Quant aux universités, en plus de certaines retombées positives sur le recrutement, la RA « peut contribuer à améliorer [leur] positionnement dans l’écosystème de la formation tout au long de la vie » (p.102)

Pistes d’action

L’équipe de recherche dégage plusieurs pistes d’actions, regroupées en trois axes :

  • Consolider les services de RA au sein des universités, notamment en se dotant d’une politique institutionnelle, en offrant de la formation aux différents acteurs impliqués, en développant des outils, en renforçant l’accompagnement des personnes candidates, etc.
  • Soutenir financièrement les personnes candidates à la RA
  • Mieux informer sur les possibilités de RA, notamment les « populations dites non traditionnelles et les personnes praticiennes en exercice » (p.110).

Référence 

Bélisle, R., Supeno, E., Breton, S. et Mottais, É. (2024). État des connaissances sur la reconnaissance des acquis et des compétences à l’université. Rapport préparé pour le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI) [version revue pour mise en ligne]. Bureau de coopération interuniversitaire et Centre d’études et de recherches sur les transitions et l’apprentissage. https://www.bci-qc.ca/wp-content/uploads/2024/05/2024_Belisle-Supeno-Breton-Mottais_RAC_version-web.pdf