L’Association québécoise de pédagogie collégiale a récemment fait paraître le nouveau numéro de sa revue Pédagogie collégiale. L’ORES attire l’attention sur deux articles offrant des pistes de réflexion au sujet de la réussite et de la persévérance.

Le faible taux de réussite d’un cours, vu par les personnes étudiantes

Dans leur article, Olivia Le Bourdais et Isabelle Cabot s’intéressent aux causes des échecs dans le cours de méthodes quantitatives en sciences humaines. Plus d’une personne étudiante sur cinq échoue à ce cours, « une bête noire pour maints étudiants et étudiantes » (p.7).

Les résultats présentés découlent d’une enquête par questionnaire auquel ont répondu 126 personnes inscrites au cours de méthodes quantitatives, au Cégep de Saint-Jérôme. Les étudiantes et les étudiants devaient répondre à des questions portant sur leurs propres difficultés, sur leur perception des difficultés vécues par leurs pairs et sur leur motivation à suivre le cours. Le questionnaire permettait aussi d’explorer des pistes de solutions pour contribuer à leur réussite dans ce cours.

  • En ce qui a trait aux difficultés personnelles, les personnes répondantes relèvent les difficultés de compréhension, les difficultés en mathématique et l’enseignement à distance.
  • En ce qui a trait aux difficultés perçues chez les autres, les personnes répondantes relèvent principalement le manque d’efforts ou d’implication.
  • L’intérêt pour l’utilisation du logiciel Excel, l’appréciation des méthodes pédagogiques et un intérêt pour la matière sont les principaux facteurs de motivation à suivre le cours. 
  • Pour bien intégrer la matière, les personnes répondantes estiment avoir besoin de beaucoup d’exercices pratiques. Elles pensent aussi qu’avoir accès à du tutorat et à un centre d’aide, en plus de bénéficier d’un suivi plus rapproché, pourrait améliorer la réussite de ce cours.

Constatant le désir des personnes étudiantes de bénéficier d’un soutien plus rapproché, les enseignantes proposent que les personnes enseignantes réalisent les laboratoires avec l’assistance d’un autre membre du personnel enseignant. Un projet en ce sens est actuellement en place au Cégep de Saint-Jérôme. De plus, Le Bourdais et Cabot se demandent si la création de groupes aux compétences plus homogènes – à l’instar des groupes de français ou d’anglais langue seconde – serait bénéfique pour tenir compte des difficultés en mathématique de certaines personnes, tout en maintenant la motivation de celles ayant plus de facilité dans cette matière.

Le PARES et les personnes étudiantes adultes

Éric Richard et Joëlle Veilleux proposent des pistes d’intervention pour prévenir l’abandon des étudiantes et étudiants adultes au collégial, en tenant compte des mesures du Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur (PARES).

L’article se base sur les données récoltées dans le cadre d’une enquête longitudinale menée de 2020 à 2023 auprès de 1015 personnes étudiantes adultes inscrites dans 25 collèges. Richard et Veilleux s’intéressent particulièrement au profil des 189 personnes répondantes ayant déclaré avoir abandonné leur parcours d’études collégiales au courant de l’enquête.

Parmi la variété de raisons expliquant l’abandon du projet d’études, près du tiers des personnes répondantes nomme la précarité financière. Le quart évoque les difficultés de conciliation travail-études-famille, le retour en emploi, le manque de motivation ou les problèmes de santé. Pour Richard et Veilleux, ces situations mettent en évidence le fait que les personnes étudiantes adultes vivent des difficultés qui leur sont propres et qui ne sont pas prises en compte dans le système scolaire actuel, « conçu essentiellement sur les bases d’une réalité étudiante plus jeune qui n’a pas à jongler avec les diverses obligations familiales, professionnelles ou communautaires. » (p.57)

En comparant les réponses des personnes ayant abandonné et de celles ayant poursuivi leurs études, Richard et Veilleux notent quelques aspects distinctifs :

  • Celles inscrites en Tremplin DEC et au préuniversitaire sont proportionnellement plus nombreuses à abandonner, ce qui pourrait s’expliquer par « la nature plus abstraite du cheminement DEC quant au développement d’une voie professionnelle » (p.57).
  • Le sentiment d’auto-efficacité exprimé par les personnes ayant décroché est moins élevé que celui des personnes ayant persévéré.
  • Les personnes ayant décroché déplorent le manque d’efforts déployés par les établissements pour faciliter l’adaptation des adultes. Elles mentionnent également avoir de la difficulté à accéder aux services et à rencontrer leurs enseignants et enseignantes. De plus, elles connaissent peu les services offerts.

Richard et Veilleux poursuivent en mettant en relief les résultats de leur enquête avec les mesures du PARES. Cette comparaison montre que plusieurs mesures de ce plan concordent avec les besoins et la réalité des étudiantes et étudiants adultes au collégial, offrant ainsi des leviers d’action pour favoriser la persévérance de ces personnes étudiantes.

Références

Le Bourdais, O. et Cabot, I. (2023). Les échecs dans le cours Méthodes quantitatives en sciences humaines : le point de vue étudiant. Pédagogie collégiale, 37(1). 6-15. https://www.calameo.com/aqpc/read/006737414118ea6564eb2

Richard, E. et Veilleux, J. (2023). Et si le PARES permettait de prévenir le décrochage des étudiantes et étudiants adultes au collégial. Pédagogie collégiale, 37(1). 52-61. https://www.calameo.com/aqpc/read/006737414118ea6564eb2