Un récent rapport de recherche présente plusieurs pistes d’action pour promouvoir une utilisation responsable du numérique.

La recherche, dont le chercheur principal est Frédérick Bruneault (Cégep André-Laurendeau), a mobilisé des chercheuses et chercheurs collégiaux et universitaires. Elle a été réalisée dans le cadre de l’Action concertée « Le numérique en éducation » financée par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC).

L’équipe a mené une collecte de données pour mieux comprendre l’utilisation des téléphones mobiles par les étudiantes et les étudiants et ensuite développer des activités de sensibilisation. Leur rapport se conclut avec des pistes d’intervention et de recherche pour promouvoir une utilisation responsable du numérique.

Les usages du numérique des étudiants et des étudiantes du collégial

Pour brosser le portrait de l’utilisation des téléphones mobiles par les personnes étudiantes du collégial, un logiciel développé par le Groupe de recherche sur l’information et la surveillance au quotidien (GRISQ) a été installé sur les appareils mobiles de 50 étudiantes et étudiants volontaires. Ces personnes étaient inscrites dans quatre établissements collégiaux (Cégep André-Laurendeau, Collège Montmorency, Cégep du Vieux Montréal et Cégep de Lanaudière à Terrebonne).

Durant 30 à 60 jours, ce logiciel a collecté des informations en temps réel sur l’utilisation des appareils mobiles par les personnes participantes. Ces informations comprenaient les applications utilisées, le moment, la durée et la fréquence, les données générées et celles reçues ainsi que les positions géolocalisées.

Les résultats montrent que :

  • Les interactions numériques se déroulent principalement en soirée : plus de la moitié des activités avaient lieu entre 16 h et minuit, et de ce nombre, la moitié se déroulait entre 20 h et 23 h.
  • Les plateformes de visionnement et les réseaux sociaux comptent chacun pour un tiers des interactions enregistrées. À lui seul, TikTok a représenté 15 % du temps d’utilisation et 10 % des interactions des personnes participantes.
  • À l’inverse, les appels téléphoniques et les textos sont peu fréquents. Pour l’ensemble des personnes participantes, un peu plus de 2000 appels et 1000 textos ont été enregistrés.

En outre, les profils d’utilisation des personnes participantes ont grandement varié, allant de 1000 interactions quotidiennes à 25 000. Les personnes les plus actives pouvaient recevoir jusqu’à 100 notifications par jour et passer plus de cinq heures sur leur téléphone, dont trois sur les réseaux sociaux.

La « Semaine de la citoyenneté numérique »

La deuxième phase du projet de recherche consistait en l’organisation d’activités de sensibilisation à l’utilisation responsable et éthique du numérique.

Déployées dans le cadre d’une « Semaine de la citoyenneté numérique » tenue au Cégep André-Laurendeau, les activités ont abordé la désinformation, la discrimination algorithmique, l’impact environnemental du numérique, la sécurité informatique ainsi que les conséquences sociopolitiques du numérique.

Détaillant le déroulement des activités réalisées dans le cadre de cette semaine thématique, les auteurs du rapport font valoir que cette dernière « constitue un exemple positif de sensibilisation à l’ère numérique et peut servir de modèle pour d’autres institutions éducatives. » En plus d’offrir des activités ciblées, en réponse aux usages du numérique observés dans la première phase de l’étude, la semaine thématique a offert l’occasion de discuter avec les personnes étudiantes au sujet des impacts du numérique sur leur vie. Cette démarche permet ultimement d’ajuster l’offre de formation en fonction des besoins documentés par la recherche, mais aussi en fonction de ceux exprimés par les personnes étudiantes.

Soutenir l’intégration de la citoyenneté numérique responsable au collégial

À la lumière des observations découlant du suivi des activités numériques et de la « Semaine de la citoyenneté numérique », les auteurs du rapport proposent plusieurs pistes pour une intégration de la citoyenneté numérique responsable dans le milieu éducatif :

  • Financer adéquatement les activités pédagogiques extracurriculaires : l’expérience a montré que les activités extracurriculaires sont un bon moyen de rejoindre la population collégiale. Ces activités doivent néanmoins bénéficier d’un financement permettant d’en pérenniser l’organisation.
  • Former le personnel enseignant et lui fournir des outils afin de l’aider à aborder les questions liées à la citoyenneté numérique responsable dans ses cours. Pour ce faire, l’équipe de recherche suggère de créer des lieux d’échange pour faciliter l’expression des besoins en matière de formation et de matériel didactique pertinent.
  • Intégrer la citoyenneté numérique responsable dans les programmes collégiaux, en les abordant au sein de cours de disciplines variées (sciences sociales, communication, génie et informatique).
  • Dédier un cours à la citoyenneté numérique dans le cursus collégial. Les auteurs du rapport estiment qu’un cours entièrement dédié à la citoyenneté numérique responsable devrait s’ajouter à la formation générale collégiale. Ce cours offrirait ainsi un espace suffisant pour approfondir les problèmes liés au numérique, encourager les discussions et les réflexions à ce sujet et développer des compétences essentielles pour « naviguer dans un monde numérique complexe et omniprésent ».

Référence

Bruneault, F. et Mondoux, A. (2023). Vers des environnements propices à la formation de citoyennes et citoyens numériques responsables en enseignement supérieur. https://frq.gouv.qc.ca/app/uploads/2023/10/frederick-bruneault_rapport-recherche-1.pdf