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Les bibliothèques universitaires sont-elles accessibles aux personnes neurodivergentes?
25 mars 2025
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25 mars 2025
Au sein des établissements d’enseignement supérieur, les bibliothèques sont des lieux qui contribuent positivement à la réussite étudiante. Mais sont-elles conçues pour accueillir des publics ayant un trouble neurodéveloppemental ?
Arthur Saunier, chercheur associé au Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales de l’Université Paul Valéry, propose dans son article plusieurs avenues pour renforcer l’inclusivité des bibliothèques universitaires.
Fréquenter une bibliothèque universitaire et profiter pleinement des ressources et services qui y sont offerts requiert une bonne dose d’autonomie. Pour les personnes souffrant d’un trouble neurodéveloppemental (TND) (spectre de l’autisme, troubles de l’attention, du développement intellectuel, de la communication ou de l’apprentissage), les défis sont nombreux : le bruit, la complexité de la signalisation et de l’organisation des ressources, ou encore les interactions avec les autres personnes usagères et employées.
L’auteur de cet article propose de prendre comme points de départ les difficultés vécues par les personnes neurodivergentes afin d’améliorer les aménagements dans les bibliothèques. Dans une approche inclusive, les pistes proposées dans cet article pourraient bénéficier à l’ensemble de la population étudiante en enseignement supérieur, et non seulement les personnes ayant un trouble neurodéveloppemental.
Plusieurs personnes atteintes d’un TND sont particulièrement sensibles aux bruits, même ceux qui paraissent négligeables à l’oreille de la plupart des personnes. La surcharge auditive constitue un sérieux obstacle à leur concentration, et peut même les amener à exclure les bibliothèques comme lieux d’étude. Aménager des espaces bien insonorisés et prêter des casques antibruit sont des exemples d’initiatives pouvant être mises en place par les bibliothèques.
Les bibliothèques sont généralement des lieux soumis à un éclairage vif et sont parsemées d’un grand nombre d’informations visuelles de couleurs variées. Ces éléments causent un inconfort chez plusieurs personnes souffrant d’un TND. Privilégier un éclairage d’ambiance tamisé et installer des lumières dirigées (lampes de lecture), de même que réduire l’omniprésence de l’affichage sont des options à favoriser par les bibliothèques.
Trouver ses repères dans une bibliothèque universitaire est loin d’être évident : les lieux sont souvent « labyrinthiques » et les panneaux indicateurs sont chargés d’informations. Dans cet environnement, il peut être particulièrement ardu pour une personne atteinte de TND de trouver un document ou un espace de travail. L’auteur suggère aux bibliothèques d’adopter les principes du design universel pour faciliter l’appropriation des lieux par toutes les personnes étudiantes. Cette approche préconise la simplicité dans l’utilisation et le caractère « perceptible » des informations. Par exemple, il peut s’agir de privilégier des pictogrammes simples dans l’affichage, d’offrir une carte de la bibliothèque conçue dans une approche didactique (plutôt qu’un plan très détaillé), ou d’organiser des visites guidées en petits groupes.
Utiliser les services de la bibliothèque implique un grand nombre de démarches, souvent en plusieurs étapes, qui peuvent être assez complexes et ponctuées de pépins techniques : se créer un compte, renouveler des documents, accéder à certains services et ressources, trouver une information dans les règlements, etc. Selon l’auteur de l’article, les institutions pourraient renforcer les dispositifs d’accompagnement en ligne ou en personne, et également s’assurer que leur site web est conçu selon les principes de l’accessibilité.
Pour plusieurs personnes atteintes de TND, la lecture et l’écriture de documents « longs et denses » exigent des efforts de concentration très importants, et mettent à rude épreuve leur persévérance dans la tâche. Offrir des alternatives au format écrit (ex. livres audio) ou des outils pour faciliter la lecture et l’écriture (ex. logiciels d’aide, prêt de liseuses électroniques) sont des options à envisager.
Les interactions sociales représentent un défi important pour certaines personnes avec un TND, qui peuvent en conséquence craindre d’être mal reçues ou incomprises lorsqu’elles demandent de l’aide. Selon l’auteur de l’article, faire des bibliothèques un lieu réellement inclusif et bienveillant passe nécessairement par une formation adéquate du personnel.
La planification des séances d’étude, le maintien d’un rythme de travail et le respect des échéanciers sont des enjeux importants dans la vie académique, et qui représentent un défi particulier pour les personnes avec un TND. Les bibliothèques peuvent faciliter l’organisation du temps de ces personnes en simplifiant leurs horaires d’ouverture, en assouplissant les règles concernant les retards ou la réservation de locaux et en adaptant leurs communications pour éviter de causer un stress inutile aux personnes usagères.
« [L]’accessibilité ne se limite pas à des aménagements architecturaux, mais doit être élargie aux difficultés organisationnelles, relationnelles ou sensorielles, et concerne donc la médiation, la formation du personnel et la prise en compte de besoins particuliers, individuels. » (Bonello, 2009, dans Saunier, 2025)
Saunier, A. (2025). Accueillir les publics avec un trouble du neurodéveloppement en bibliothèque universitaire. Bulletin des bibliothèques de France. https://bbf.enssib.fr/matieres-a-penser/accueillir-les-publics-avec-un-trouble-du-neurodeveloppement-en-bibliotheque-universitaire_72925
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