L’UNESCO a lancé en 2024 une série de « rapports succincts » (disponibles en anglais et en espagnol seulement), qui « analysent la contribution de l’enseignement supérieur » à l’atteinte des Objectif de Développement Durable (ODD) des Nations Unies.

Ce troisième rapport s’intéresse aux façons d’améliorer les services en santé mentale offerts aux personnes étudiantes en enseignement supérieur. Il vise les décideurs et décideuses politiques, ainsi que les dirigeants et dirigeantes des établissements.

Il s’agit ici d’une publication portant sur le troisième objectif de développement durable des Nations unies (ODD 3) : « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ».

Les troubles de santé mentale en progression chez les personnes étudiantes

Plusieurs recherches convergent vers le constat d’une augmentation des troubles de santé mentale parmi la population étudiante à l’échelle mondiale. Les problèmes de santé mentale peuvent constituer une barrière à l’éducation, et notamment entraver l’objectif d’assurer un accès égalitaire à l’enseignement supérieur (ODD 4.3).

Aux États-Unis, plus de 60 % des personnes étudiantes déclarent au moins un problème de santé mentale, une augmentation de près de 50 % depuis 2013. (p.3)

Au Canada, trois personnes étudiantes sur quatre en enseignement supérieur « considèrent que la pandémie a empiré leurs défis préexistants en matière de santé mentale ». (p.3)

Selon une étude internationale, le suicide est la 4e cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 29 ans. (p.4)

Les défis à surmonter 

Le rapport identifie quatre grands facteurs défavorables à la santé mentale étudiante en enseignement supérieur :

  • Les enjeux structurels : le rapport identifie notamment la pression à la performance qui découle des politiques d’évaluation et des examens d’admission, le système de notes et de comparaison ainsi que la charge de travail des personnes étudiantes.
  • L’insuffisance des moyens : les ressources allouées à la santé mentale par les établissements d’enseignement supérieur sont insuffisantes, et les services sont aussi sous-utilisés.
  • Les coûts des services : ils représentent une « barrière significative » à l’accès aux services de santé mentale sur les campus, y compris au Canada (p.5). La situation est cependant variable d’un établissement à l’autre.
  • Les obstacles culturels et informationnels : les auteurs du rapport pointent la stigmatisation liée aux troubles de santé mentale, les lacunes en matière de « littératie de la santé mentale » et le manque d’information sur les services existants.

Des recommandations basées sur les bonnes pratiques institutionnelles

Sur la base d’exemples concrets de pratiques favorables à la santé mentale étudiante adoptées par différents établissements ou juridictions dans le monde, l’UNESCO formule huit recommandations à l’intention des décideurs et décideuses :

  • Offrir des services gratuits de santé mentale sur les campus. Cette option est particulièrement importante lorsque des services publics sont peu accessibles.
  • Offrir une diversité de modalités d’accès aux services en santé mentale : sur les campus, en ligne, par téléphone, avec des options de suivi individuel ou de groupe. Les services doivent être accessibles et culturellement adaptés à différentes populations étudiantes.
  • S’assurer de la qualification du personnel professionnel qui offre les services en santé mentale.
  • Favoriser la formation du corps enseignant et les accommodements académiques. Il est souhaitable d’outiller les personnes enseignantes afin qu’elles soient en mesure de reconnaître les enjeux de santé mentale et de guider les étudiantes et étudiants à risque vers les ressources appropriées. Les établissements devraient aussi faire preuve de flexibilité en offrant, lorsque c’est possible, des accommodements aux personnes étudiantes aux prises avec des défis reliés à la santé mentale, par exemple en autorisant certains délais dans la remise des travaux, en autorisant l’utilisation des casques de réduction de bruit, en proposant des évaluations alternatives, etc.
  • Adopter des politiques claires en matière de congé pour cause de santé mentale, afin de permettre aux personnes étudiantes qui en ont besoin de s’absenter sans en subir de conséquences sur le plan académique.
  • Lancer des campagnes de sensibilisation pour combattre la stigmatisation et augmenter la littératie en matière de santé mentale. Ces démarches ont pour but d’encourager les personnes qui en ont besoin à demander de l’aide. Certaines initiatives peuvent cibler des populations plus à risque (ex. des étudiantes et étudiants de 1e année).
  • Prendre en considération les impacts de la configuration physique des campus sur la santé mentale. Les établissements devraient donner accès à des espaces verts et à des environnements d’apprentissage ergonomiques, inclusifs et apaisants, notamment pour les étudiantes et les étudiants touchés par un trouble du traitement sensoriel (ex. hypersensibilité auditive).
  • Documenter en continu la santé mentale étudiante, tout en respectant la confidentialité des données, pour mieux connaître les besoins, l’accès aux services et l’efficacité des interventions, notamment. Les pratiques de dépistage « proactif » favorisent aussi le recours aux services en santé mentale.

« Une approche holistique, combinant des services gratuits, des modalités de soutien diversifiées, la participation du corps enseignant et des décisions politiques fondées sur des données, est essentielle pour créer des environnements éducatifs inclusifs et soutenants qui favorisent à la fois la réussite scolaire et le bien-être psychologique. » (traduction libre)

Référence

UNESCO. (2024). Supporting the mental health and well-being of higher education students. https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000391501