Le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) a récemment publié un rapport qui brosse le portrait des pratiques actuelles en matière de santé mentale étudiante en enseignement supérieur et des défis rencontrés par les établissements ontariens pour répondre aux besoins.

Malgré que la santé mentale étudiante soit une préoccupation de plus en plus centrale pour les acteurs et actrices de l’enseignement supérieur, les services offerts dans les établissements ne suffisent pas pour répondre à une demande de plus en plus importante et complexe.

Le ministère des Collèges et Universités de l’Ontario a confié au COQES le mandat d’évaluer les stratégies de santé mentale des établissements, de comparer l’Ontario avec d’autres juridictions provinciales, et d’identifier les lacunes du modèle ontarien. Pour ce faire, le COQES a procédé à une analyse documentaire des politiques institutionnelles et des sites web des 44 établissements d’enseignement postsecondaire publics, et a réalisé 27 entretiens avec des personnes impliquées dans le soutien à la santé mentale étudiante.

Portrait du modèle de soins

Tous les établissements ontariens offrent des services en santé mentale, et proposent des informations ou des ressources sur leurs sites web. En revanche, la moitié a formellement développé une stratégie ou planifie le faire.

La prestation de services repose sur un modèle « par paliers », « qui comprend une gamme d’interventions allant de l’information ou des soutiens autogérés jusqu’aux soins aigus ou de crise, et qui distribue les ressources de manière à maximiser l’efficacité en fonction des besoins du client » (p.13). À l’échelle de la province, les établissements sont soutenus par le Centre d’innovation en santé mentale sur les campus (CISMC), qui mène des études, développe des modèles et créée des outils mobilisables localement.

Plusieurs établissements démontrent une volonté d’accroitre les « services culturellement adaptés », notamment pour les personnes autochtones, les étudiantes et étudiants étrangers et les personnes de la diversité sexuelle. Cette ouverture passe notamment par le recrutement d’un personnel de soutien plus diversifié, par une offre de services dans d’autres langues et par la prise en compte des besoins particuliers de certains groupes. En matière de santé mentale, les établissements d’enseignement établissent aussi des partenariats avec des organismes externes du réseau de la santé et des services sociaux.

Des lacunes qui affectent la prestation de services

Le COQES identifie quatre grands facteurs qui nuisent aux efforts institutionnels en matière de santé mentale étudiante en Ontario :

Un financement déficient : les budgets sont souvent imprévisibles et à court terme, ce qui nuit au développement de stratégies durables et à l’ajout de services permanents.

Le manque de personnel : la demande de services en santé mentale est croissante, même en dehors de périodes habituelles d’achalandage (par exemple en fin de session), et les besoins sont de plus en plus complexes. Le personnel de soutien est trop peu nombreux et l’expertise est souvent insuffisante pour répondre à ces défis.

Le travail en silo : les difficultés liées à la collaboration avec des organismes externes, les ruptures de service entre les réseaux d’enseignement secondaire et postsecondaire ainsi que les obstacles au partage d’information sont autant de facteurs qui nuisent à la continuité des services en santé mentale.

La dégradation des conditions de vie étudiante : l’insécurité alimentaire, la précarité en matière de logement et l’ensemble des difficultés économiques vécues par les personnes étudiantes se répercutent sur leur santé mentale. Bien que « la plupart des questions relatives aux déterminants sociaux de la santé ne relèvent pas de la compétence et de la responsabilité des établissements d’enseignement postsecondaire, […] les conséquences et les coûts associés à ces questions leur incombent. » (p.19)

Les recommandations du COQES

Aux établissements d’enseignement postsecondaire de l’Ontario :

  • Accroître la sensibilisation et l’accès à des soutiens culturellement pertinents pour les élèves [sic].

Au gouvernement ontarien et à ses partenaires :

  • Exploiter pleinement le potentiel du CISMC
  • Coordonner le dialogue stratégique intersectoriel afin de supprimer les silos d’information et de mettre en place des structures de financement efficaces
  • Collecter et utiliser des données pour suivre les tendances en matière de santé mentale afin d’éclairer la prise de décision et l’affectation des ressources
  • Augmenter le financement progressif des établissements pour les services de soutien en matière de santé mentale

Référence

Chatoor, K., Pilla, N., Balata, L., Shah, H. et Kaufman, A. (2024). Soutenir la santé mentale des élèves en Ontario : Explorer les pratiques exemplaires et cerner les lacunes. Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur. https://heqco.ca/fr/pub/soutenir-la-sante-mentale-des-eleves-en-ontario-explorer-les-pratiques-exemplaires-et-cerner-les-lacunes/