Parutions
Vers des sites Web plus accessibles pour les étudiantes et étudiants en situation de handicap
3 septembre 2024
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3 septembre 2024
Les établissements d’enseignement postsecondaire québécois devraient améliorer l’accès à l’information disponible sur leurs sites Web au sujet des services offerts aux étudiantes et étudiants en situation de handicap (ESH).
C’est une des conclusions d’un rapport préliminaire de l’Association québécoise pour l’équité et l’inclusion au postsecondaire (AQPEIPS) publié ce printemps. Ce rapport montre également que la quantité d’information disponible au sujet des services offerts aux ESH varie d’un établissement à l’autre, créant ainsi un flou pour les étudiantes et étudiants actuels et futurs.
« Alors que l’entrée aux études postsecondaires est un passage marquant dans leur cheminement académique, l’accès aux services ne devrait pas être un enjeu pour faire ce passage. De plus, il semble inconcevable qu’un étudiant ou une étudiante doive être contraint à communiquer avec chaque établissement l’intéressant afin d’obtenir des informations de base sur l’accès aux services lorsque cette information pourrait d’office se retrouver sur les sites web institutionnels. » (p.6)
Ces constats découlent de l’analyse des sites web des 18 universités québécoises et de 70 établissements postsecondaires non universitaires (cégeps, collèges, établissements de formation postsecondaires). L’évaluation des sites web s’est basée sur 13 critères répartis en trois catégories : accessibilité numérique, spécificités aux handicaps et information disponible au sujet des services.
Les critères d’accessibilité numérique concernent les éléments d’un site web qui facilitent l’accès à l’information (navigation, conception, images, plans des établissements, contenu multimédia, etc.).
En matière de navigation (mesurée par la présence d’une barre de recherche, de liens hypertextes fonctionnels ou encore un menu facilitant la navigation), 78,4% des établissements répondent de façon satisfaisante aux critères de base. En revanche, une harmonisation des termes employés pour désigner les services offerts aux ESH, qui varient entre les établissements, serait nécessaire.
La conception et la rédaction des pages (évaluée selon la structure et l’organisation de l’information ou encore la typographie), est jugée satisfaisante pour 50% des établissements (66,6% des universités et 45,7% des établissements collégiaux). Une information plus complète au sujet des services offerts aux ESH serait souhaitable (ex. admissibilité, description des services, rôles des centres de soutien).
Une des principales lacunes relevées dans le cadre de cette analyse est l’absence de plan d’établissement fournissant des informations sur l’accessibilité physique des lieux (toilettes, rampes d’accès, ascenseurs, débarcadères). Seulement 3,4% des établissements fournissent de telles cartes sur leurs sites Web.
En outre, le peu de variété dans les méthodes de transmission de l’information (ex. contenus multimédias, diaporamas explicatifs) est critiqué puisque la diversification des modes de transmission de l’information permet de répondre à des besoins variés.
Les autrices du rapport ont évalué l’offre de contenus accessibles pour les personnes ayant des déficiences auditives (ex. vidéos sous-titrées ou accompagnées d’interprétation en langue des signes québécoise (LSQ)) ou des déficiences visuelles (ex. titres facilitant la navigation, vidéo reprenant le contenu textuel). Alors que 65,9% des sites web répondent de façon satisfaisante aux critères de base en matière de déficience visuelle, seulement 14,7% répondent de façon satisfaisante aux critères concernant la déficience auditive.
« Il est important de mentionner que certains sites web utilisaient la vidéo comme source d’information principale sur les services offerts. Accompagnée d’un sous-titrage mal réalisé et sans alternative LSQ ou textuelle, force est de constater que l’information transmise est inaccessible pour une population estudiantine en situation de handicap » (p.21)
Deux critères visaient à évaluer la disponibilité de l’information au sujet des services : (i) la description de situations de handicap éligibles à des aménagements et des exemples de ces accommodements et (ii) la divulgation des politiques internes en lien avec le handicap.
Concernant le premier critère, seulement 41,45% des établissements offrent des exemples de situation de handicap et/ou d’aménagements offerts. L’AQPEIPS fait valoir que ce déficit d’information est susceptible d’influencer les ESH dans le choix de leur établissement, mais également de réduire leurs demandes d’accommodements et leur utilisation des services offerts.
Seulement 10 établissements rendent disponible leur politique interne au sujet des aménagements et des services offerts aux personnes en situation de handicap. Or, comme l’application des mesures d’accommodements varie selon les établissements (ex. nécessité d’avoir un diagnostic ou non pour obtenir des services), l’AQEIPS soutient que les politiques devraient être accessibles.
Le rapport se conclut avec 4 recommandations visant à améliorer les sites Web et l’information qu’ils contiennent (p.26 à 27)
À noter que ce rapport préliminaire constitue le premier volet d’une recherche en deux parties. La suite portera sur l’évaluation des services réellement offerts au sein des établissements.
Chartier-Desjardins, M. et Spence, F. (2024). Évaluation des pratiques numériques en lien avec les services offerts aux étudiants et étudiantes en situation de handicap dans les établissements postsecondaires du Québec [Rapport préliminaire]. Association québécoise pour l’équité et l’inclusion au postsecondaire (AQEIPS). https://aqeips.org/laccessibilite-numerique-dans-les-etablissements-ou-en-est-on-au-quebec/
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