Le dernier numéro de la Revue des sciences de l’éducation de McGill aborde le soutien aux personnes enseignantes et étudiantes dans une variété de contextes. Coup d’œil sur trois des 12 articles qui le composent.

Comment la pandémie a-t-elle été vécue par les personnes enseignantes ?

Maggie McDonnell (Université Concordia) et Erin Reid (Université de Lethbridge) proposent une incursion dans le vécu des personnes enseignantes à l’université durant la pandémie de COVID-19.

Par le biais d’entretiens menés avec 10 personnes enseignantes de divers établissements canadiens, elles font ressortir plusieurs défis et traumatismes associés à la pandémie :

  • De façon générale, les personnes participantes ont évoqué l’anxiété, le stress et l’épuisement engendrés par la pandémie et le passage soudain à l’enseignement à distance. La charge de travail s’est accentuée, mais le soutien institutionnel et gouvernemental a manqué.
  • Confrontées à leur propre épuisement, les personnes enseignantes ont eu de la difficulté à soutenir adéquatement les personnes étudiantes présentant des signes de démotivation et de désengagement.
  • Les personnes enseignantes ont aussi durement vécu le manque d’interactions et d’échanges durant leurs cours.

En dépit de ces difficultés, certaines personnes ont relevé des éléments positifs à la pandémie, dont la principale est la création de communautés de pratiques informelles (ex. sur Facebook). Ces dernières ont contribué à briser l’isolement et à surmonter les défis liés à l’enseignement à distance. Les personnes participantes jugent que ces communautés doivent perdurer au-delà de la pandémie.

Les pratiques enseignantes, vues par les étudiantes et étudiants ayant un TDAH

Dans leur article, Jeanne Lagacé-Leblanc, Nadia Rousseau et Line Massé (UQTR) s’intéressent aux perceptions des étudiantes et étudiants ayant un TDAH au sujet des pratiques enseignantes qui favorisent leur réussite scolaire.

Des entretiens menés auprès de 29 personnes étudiant au cégep ou à l’université et ayant un diagnostic de TDAH ont permis d’identifier une gamme d’actions jugées aidantes pour la réussite étudiante, dont celles-ci :

  • En matière de soutien visuel, ils et elles souhaitent que les personnes enseignantes donnent accès aux documents à l’avance (ex. Powerpoint) et qu’une variété de supports visuels soient utilisés pour transmettre des notions.
  • En matière de soutien à la compréhension, les pratiques aidantes concernent l’utilisation d’une variété d’exemples, la vérification de la compréhension durant les cours ou encore la clarification des éléments importants pour les évaluations.
  • Pour le soutien à l’évaluation, les personnes répondantes disent apprécier la flexibilité (tant en matière de délais que de format d’évaluation) et la clarté des consignes.
  • L’aide apportée par les personnes enseignantes en matière de gestion du temps est également importante. Les pratiques aidantes concernent la prise de pauses pendant les cours, le temps laissé aux étudiantes et étudiants pour bien prendre leurs notes ou encore la mise à disposition de temps en classe pour la réalisation de travaux. 
  • En matière de soutien à l’organisation des informations, les étudiantes et étudiants apprécient avoir accès à une planification détaillée du déroulement de la session et des séances, ce qui contribue à structurer la prise de notes.
  • Quant aux stratégies d’enseignement, les étudiantes et étudiants aiment quand les personnes enseignantes suscitent des interactions en classe et qu’elles varient leurs méthodes d’enseignement et la structure des cours.
  • Enfin, les étudiants et étudiantes relèvent des pratiques liées à leur rapport à la personne enseignante. Ils et elles apprécient que cette dernière vienne vers eux pour établir un lien. Ces personnes aiment également que les personnes enseignantes fassent preuve de dynamisme et d’humour, qu’elles soient disponibles et compréhensives par rapport au TDAH et qu’elles soient passionnées par la matière qu’elles enseignent.

La « relation pédagogique » : un concept à clarifier

Anastassis Kozanitis (UQAM), François Thibault (UQAM) et Patrice Farand (Polytechnique Montréal) offrent des pistes pour conceptualiser et mesurer la relation pédagogique en contexte d’enseignement supérieur.

À la suite d’une recension des écrits, l’équipe de recherche a analysé 27 articles pour identifier les différents instruments de mesure de la relation pédagogique en enseignement supérieur, et les dimensions étudiées par ces instruments. Leur analyse fait ressortir le flou entourant le concept de « relation pédagogique » en enseignement supérieur.

En effet, les auteurs et autrices des articles recensés ne s’entendent pas sur la manière de concevoir la relation pédagogique (ex. est-ce une entité multidimensionnelle, bidimensionnelle, unidimensionnelle?). L’absence de théorie générale consensuelle au sujet de ce concept empêche d’identifier clairement ce qui doit être mesuré. Enfin, presque toutes les études recensées ont eu recours à des questionnaires autorapportés pour mesurer la relation pédagogique. Or, selon l’équipe de recherche, d’autres méthodes pourraient être employées (ex. entrevues, entretiens d’explicitation, observations en classe).

Références

Kozanitis, A., Farand, P., et Thibault, F. (2024). Étude des outils pour mesurer la relation pédagogique en vue d’une utilisation en contexte postsecondaire. McGill Journal of Education / Revue Des Sciences de l’éducation de McGill. 58(2). https://doi.org/10.26443/mje/rsem.v58i2.9981

Lagacé-Leblanc, J., Rousseau, N., et Massé, L. (2024). Comment les enseignants du post secondaire peuvent favoriser la réussite scolaire des étudiants ayant un TDAH ? McGill Journal of Education / Revue des sciences de l’éducation de McGill, 178‑201. https://doi.org/10.26443/mje/rsem.v58i2.10037

McDonnell, M., et Reid, E. (2024). Swerve & Shift : The lived experience of Canadian faculty teaching through a pandemic. McGill Journal of Education / Revue Des Sciences de l’éducation de McGill. 58(2). https://doi.org/10.26443/mje/rsem.v58i2.10109