Le groupe Academica, une organisation de recherche et de consultance en enseignement supérieur a récemment dévoilé les résultats d’un sondage au sujet de l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) générative par les étudiantes et étudiants et de leurs perceptions quant à l’encadrement de celle-ci en contexte d’apprentissage.

Les résultats, partagés sous forme de deux articles de blogue se basent sur les données récoltées au printemps 2024 par le biais d’un questionnaire en ligne auquel ont répondu 881 personnes qui étudient dans des établissements d’enseignement postsecondaire canadiens. Certaines de ces données ont été comparées à celles recueillies dans le cadre d’un exercice similaire réalisé au printemps 2023 (n=1039).

ChatGPT : un outil familier

Le sondage confirme que les outils d’IA générative sont de plus en plus connus. Cela est particulièrement vrai pour ChatGPT : 97 % des répondantes et répondants disent avoir entendu parler de cet outil, comparativement à 60 % en 2023.

Le sondage montre également une utilisation croissante des outils d’IA générative : en 2023, seulement 25 % des répondantes et répondants au sondage déclaraient avoir déjà utilisé un outil d’IA générative. En 2024, ce taux grimpe à 77 %.

Parmi les personnes ayant utilisé des outils d’IA générative en 2024, 55 % l’ont fait pour réaliser une tâche liée aux études :

  • 88 % des répondantes et répondants les ont utilisés comme aide à l’apprentissage (par exemple, pour clarifier des concepts).
  • 75 % des personnes étudiantes ont dit utiliser ces outils par curiosité, pour voir ce qu’ils permettent de faire.
  • 30 % les ont utilisés pour écrire une partie d’un travail.
  • 5 % les ont utilisés pour écrire la totalité d’un travail.

L’encadrement des outils d’IA générative

Le sondage s’est également intéressé aux règles actuelles et souhaitées pour encadrer l’utilisation de ces outils.

Concernant les règles actuelles quant à l’utilisation des outils en contexte académique, aucun consensus ne se dégage :

  • 37 % des personnes répondantes ont indiqué que l’utilisation d’outils d’IA générative était permise dans certains cas, 6 % dans la plupart des cas et 3 % que leur utilisation était permise en tout temps.
  • 32 % des personnes ont indiqué que l’utilisation des outils d’IA générative était interdite.
  • 22 % des répondantes et répondants ne savaient pas s’il était permis d’utiliser ce type d’outil dans leurs cours.

Les réponses écrites laissent croire que ces différences pourraient s’expliquer principalement par les décisions des personnes enseignantes, certaines faisant une interdiction stricte de ces outils, tandis que d’autres les intègrent aux activités d’apprentissage et en enseignent l’utilisation.

Quant aux règles souhaitées, près de la moitié des personnes répondantes (46 %) jugent qu’il serait préférable d’interdire l’utilisation des outils d’IA générative. Un peu moins du tiers (31 %) croient plutôt que l’utilisation devrait être permise et 22 % estiment que cela dépend des situations.

Les personnes favorables à une interdiction évoquent les problèmes éthiques liés à l’utilisation de tels outils ou leurs effets négatifs perçus sur l’apprentissage, la créativité et le processus d’évaluation. Les personnes favorables à l’utilisation de ces outils expliquent plutôt que ceux-ci feront partie de leur réalité professionnelle et qu’elles souhaitent donc apprendre à les utiliser adéquatement.

De la nécessité d’une vision commune

Pour les autrices de ces deux articles, ces résultats montrent que plusieurs questions doivent être explorées par les établissements pour mieux cerner la place des outils d’IA générative dans l’enseignement supérieur :

  • Quels sont les contextes où l’utilisation des outils d’IA générative est adéquate ?
  • Est-ce que l’utilisation de ces outils est plus appropriée dans certains programmes ?
  • Est-ce que les établissements doivent assurer l’enseignement de l’utilisation de ces outils ?
  • Comment concilier les utilisations divergentes des personnes étudiantes ?

Les données de ce sondage font écho aux constats du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) et de la Commission de l’éthique en science et en technologie (CEST) présentés dans leur rapport Intelligence artificielle générative en enseignement supérieur : enjeux pédagogiques et éthiques paru en avril dernier. On y mentionnait notamment une diversité de pratiques entourant l’IA générative, allant du bannissement à une utilisation réservée à certains contextes précis.

Cela amenait notamment le CSE et la CEST à recommander la création d’une structure collaborative de concertation nationale visant le développement d’une vision commune et de principes directeurs à l’égard d’une utilisation responsable et sécuritaire de l’IA générative en enseignement supérieur. Le ministère de l’Enseignement supérieur a donné suite à cette recommandation et a récemment annoncé la création d’une telle instance.

Références

Janzen, R., Church, C. et Paleja, R. (2024, 1er août). Exploring AI : Students Share Their Awareness and Usage of Generative AI. Academica Forum. https://forum.academica.ca/forum/exploring-ai-students-speak-about-their-awareness-and-usage-of-chatgpt

Janzen, R., Church, C. et Paleja, R. (2024, 15 août). Exploring AI : How Would Students Set the Rules? Academica Forum. https://forum.academica.ca/forum/exploring-ai-how-would-students-set-the-rules