Les chercheurs Maria Eugenia Longo (INRS) et Sylvain Bourdon (Université de Sherbrooke), tous deux titulaires de la Chaire-réseau de la recherche sur la jeunesse du Québec, ont analysé les données des récentes enquêtes de Statistique Canada sur les conséquences de la pandémie chez les jeunes. Voici leurs principaux constats.

Les deux chercheurs constatent dans un récent article que les jeunes ont subi de plein fouet les conséquences sociales et économiques du confinement, notamment dans l’emploi, l’éducation, les finances et la vie sociale.

Taux d’emploi

Au Québec, la baisse du taux d’emploi au début de la pandémie a été particulièrement marquée chez les jeunes. Selon les analyses de l’Enquête sur la population active (EPA) réalisées par la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec, le taux d’emploi en avril 2020 était de 38,8 % chez les 15-24 ans, comparativement à 60 % en avril 2019.

Il est toutefois à noter que les diplômé·e·s universitaires ont subi des baisses moindres : leur taux d’emploi était de 78,8 % en 2020, par rapport à 86,3 % en 2019. Les pertes d’emploi ont été plus marquées chez les jeunes peu scolarisés.

Formation postsecondaire

L’analyse des données de l’Enquête sur les répercussions de la pandémie sur les étudiants du niveau postsecondaire de Statistique Canada – analyse réalisée aussi par la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec – a permis de constater que plus de 80 % des étudiant·e·s québécois·e·s de moins de 35 ans affirment que leur scolarité, sous une forme ou une autre, a subi les contrecoups de la pandémie.

Outre le fait que les cours ont été donné partiellement ou entièrement en ligne, 7,4 % de ces jeunes déclarent avoir été incapables de terminer certains cours, 23 % mentionnent qu’ils ont dû reporter ou annuler leur stage de travail et 6,3 % indiquent ne pas pouvoir obtenir leur diplôme comme prévu.

Insécurité financière

Selon cette même Enquête sur les répercussions de la pandémie sur les étudiants du niveau postsecondaire, ce sont les étudiant·e·s vivant seul·e·s ou en colocation qui sont le plus préoccupé·e·s par les conséquences de la pandémie sur leur capacité de payer le loyer (45,9  %), l’augmentation de leurs dettes d’études (47,7 %) et la perte de leurs économies (65,5 %).

Selon Longo et Bourdon, cette menace leur pèse et peut aussi remettre en question leur autonomie résidentielle, si importante lors du passage à l’âge adulte.

Cette insécurité se manifeste aussi dans le pessimisme exprimé quant à l’avenir : 47,6 % se disent préoccupé·e·s par les perspectives d’emploi à court terme et le tiers (33,6 %) appréhendent une dévaluation de leur diplôme en raison de la pandémie.

La nouvelle série d’enquêtes sur les perspectives canadiennes de Statistique Canada montre que près de la moitié des jeunes Québécois·e·s de 15 à 30 ans s’inquiète du maintien des liens sociaux (47,4 %) et le tiers craint une recrudescence des tensions familiales (33,8 %) et la possibilité d’un désordre civil (34,5 %) dans la foulée du confinement.

Pistes de solution

Les chercheurs proposent que les politiques publiques et les interventions auprès des jeunes reposent sur une approche en fonction de leur parcours de vie. Cela signifie que les mesures pour contrecarrer les effets de la pandémie doivent être durables et adaptées aux diverses situations que vivent les jeunes : emploi précaire, surqualification, parentalité, etc. 

Quant au soutien à la formation postsecondaire des jeunes, Longo et Bourdon suggèrent une réflexion de fond sur les conditions de financement des études des jeunes, car les crises entraînent des hausses des droits de scolarité et des dettes d’études, tandis que les bourses ne sont pas toujours indexées à l’inflation.

Source : Longo, M. E. et Bourdon, S. (2020). Emploi et formation chez les jeunes durant la pandémie, Politics Options Politiques, Institut de recherche en politiques publiques (IRPP), 5 octobre.