Selon l’Association canadienne de recherche sur la formation en ligne (ACRFL), la demande pour la technologie et la formation à distance continuera à augmenter au cours des prochaines années. Cette situation s’accompagne de nouveaux besoins de formation pour les acteurs et actrices de l’enseignement supérieur.

Le rapport pancanadien 2023 sur les tendances en matière d’apprentissage numérique dans le milieu canadien de l’enseignement postsecondaire présente les données récoltées dans le cadre de deux sondages pancanadiens réalisés au printemps (n=275) et à l’automne 2023 (n=254) auprès de cadres et du personnel des établissements. À noter que les réponses des personnes enseignantes, trop peu nombreuses, n’ont pas été considérées dans l’analyse.

Ces sondages abordaient différents aspects de l’apprentissage numérique (technologies, préférences des personnes étudiantes et enseignantes, défis, tendances, etc.).

Une demande pour l’enseignement hybride

Les répondants et répondantes s’attendent à ce que, dans les prochaines années, la popularité de l’apprentissage hybride et l’apprentissage en ligne continue de croître, en raison de l’accessibilité et de la flexibilité qu’offre l’enseignement à distance. Ces deux éléments sont cruciaux pour plusieurs personnes étudiantes qui concilient des responsabilités variées et qui sont confrontées à des pénuries de logement abordable à proximité des campus.

La place croissante des technologies dans l’enseignement

Déjà très présents, les outils technologiques seront également de plus en plus utilisés selon les personnes répondantes. Les outils les plus répandus sont les systèmes de gestion des apprentissages (92 %), les outils de visioconférence – pour des réunions individuelles (75 %) ou pour des cours (55 %) – les outils de sondage et de jeux-questionnaires (65 %) ainsi que les outils de création de vidéo (51 %).

Quant à l’intelligence artificielle, 92 % des personnes répondantes croient qu’elle se taillera une place centrale dans l’enseignement supérieur. Les répondants et répondantes anticipent qu’elle servira d’outil d’étude (86 %), mais aussi qu’elle facilitera la tricherie (76 %) et complexifiera l’enseignement (72 %).  

Une adaptation au numérique qui comporte son lot de défis

Plusieurs défis liés à l’utilisation du numérique dans l’enseignement et dans l’apprentissage ont été identifiés dans cette enquête :

  • L’intégrité académique (78 %)
  • L’efficacité des pratiques d’évaluation (68 %)
  • L’adaptation aux besoins d’apprentissage variés (67 %)
  • La fatigue et l’épuisement des personnes enseignantes (66 %)
  • La littératie numérique des personnes enseignantes (61 %)
  • L’efficacité des pratiques pédagogiques (59 %)

Le sondage s’est également penché sur les défis opérationnels liés à l’apprentissage numérique. Les plus souvent énoncés étaient :

  • L’impact sur la charge de travail des personnes enseignantes (50 %)
  • L’assurance-qualité (47 %)
  • L’infrastructure technologique (41 %)

Ces résultats sont cohérents avec ceux issus des précédentes éditions du sondage :

« La fatigue et l’épuisement des enseignants ainsi que l’impact de l’apprentissage numérique sur leur charge de travail continuent d’être des défis majeurs pour les établissements et ne semblent pas diminuer avec le temps » (p.20)

L’importance de la formation continue

La place croissante des technologies pose l’enjeu de leur maitrise par les personnes enseignantes.

Près de 70% des répondants ont indiqué que leur établissement offrait des activités de perfectionnement. Les plus courantes portent sur l’utilisation du système de gestion des apprentissages, les pratiques d’enseignement efficaces et l’intégrité académique.

Ces activités sont généralement facultatives : seulement 15% des répondants et répondantes ont indiqué que des formations étaient obligatoires pour les nouvelles personnes enseignantes.

Le potentiel des REL à exploiter

Autre tendance explorée dans le rapport : les ressources éducatives libres (REL). Ces dernières sont bien connues par la majorité des personnes répondantes (75 %). Néanmoins, leur développement ne semble pas encouragé par des politiques ou des stratégies institutionnelles. Seulement 15 % des répondants et répondantes affirmaient qu’une politique formelle en la matière existait dans leur établissement, et 20 % que le développement de REL était soutenu par une politique informelle.

En bref : un personnel à accompagner dans ce développement technologique

L’ACRFL rappelle quelques défis à surmonter pour assurer une intégration harmonieuse des technologies en enseignement supérieur :

  • Le personnel enseignant doit disposer de suffisamment de temps pour bénéficier du perfectionnement professionnel dont il a besoin.
  • L’offre de cours hybrides et en ligne est susceptible d’accroître l’accessibilité à l’enseignement supérieur en répondant aux besoins de personnes aux profils et variés. Les établissements devront donc être attentifs au respect des principes d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) et à la qualité des cours offerts, qu’ils soient en présence, hybride ou en ligne.
  • Des projets de recherche devraient se pencher sur les défis liés à l’apprentissage numérique et les façons de les surmonter.

Référence

Johnson, N. (2023). Une demande croissante pour la technologie dans l’enseignement et l’apprentissage : Rapport pancanadien 2023 sur les tendances en matière d’apprentissage numérique dans le milieu canadien de l’enseignement postsecondaire. Association canadienne de recherche sur la formation en ligne [ACRFL]. https://www.cdlra-acrfl.ca/wp-content/uploads/2023/12/Rapport-pancanadien-2023-FR.pdf