Les plans de développement individuel (PDI) gagnent en popularité dans les établissements d’enseignement supérieur des États-Unis et du Canada. Ces outils d’auto-évaluation favoriseraient l’alignement des actions d’un individu sur ses objectifs personnels, académiques et professionnels.

Alors que certaines études ont identifié des bénéfices à leur utilisation en contexte universitaire, l’appréciation de cet outil par les étudiantes et étudiants est méconnue. Une équipe de l’Université de Guelph (Ontario) comble cette lacune dans un récent article paru dans la Revue canadienne d’enseignement supérieur.

Les constats présentés dans l’étude s’appuient sur une collecte de données par sondage et par groupes de discussion échelonnée sur deux ans. Les propos de 65 personnes étudiantes ayant rempli un PDI ont été analysés.

Le plan à l’étude

Le PDI utilisé dans le cadre de cette recherche consistait en un document Word de 30 pages divisé en 6 parties :

  • Une auto-évaluation des compétences professionnelles et académiques ;
  • Une exploration de carrière, par l’identification d’offres d’emploi et la tenue d’une rencontre avec une personne exerçant un emploi dans un domaine d’intérêt ;
  • La fixation d’objectifs (à court et à long terme) ;
  • La rencontre avec une personne mentore (ex. personne superviseure, personne conseillère en orientation, ou une personne d’un milieu professionnel autre) pour discuter du PDI ;
  • Le bilan des accomplissements ;
  • La mise en valeur de ses compétences et des réalisations adaptée à un contexte professionnel (par la création d’un CV, d’un profil LinkedIn, d’un site Web ou encore d’un « discours d’ascenseur »).

Il s’agissait d’un livrable à réaliser dans le cadre de cours obligatoires donnés aux cycles supérieurs dans des disciplines variées.

Un outil qui clarifie les objectifs professionnels

De façon générale, les parties du PDI touchant à l’insertion professionnelle et à l’accompagnement ont été perçues plutôt favorablement :

  • Rencontrer une personne mentore a été jugé très utile ou extrêmement utile par 52 % des personnes répondantes.
  • 51 % des personnes ont déclaré que la rencontre avec une personne exerçant un emploi auquel elles aspirent a été très ou extrêmement utile.

Les étudiantes et les étudiants participants expliquent que ces rencontres ont contribué à clarifier leur projet professionnel et le chemin pour l’atteindre, en plus de leur donner confiance en leur capacité à créer un réseau professionnel. En revanche, pour 10 % des étudiantes et étudiants, ces rencontres ont été jugées inutiles parce qu’elles étaient chronophages ou qu’elles ne leur avaient pas fourni d’informations pertinentes.

Outre ces rencontres, 45 à 50 % des personnes répondantes ont jugé très ou extrêmement utiles les activités d’exploration de carrière, la fixation d’objectifs à court terme ou la rédaction d’un CV.

Mais… une tâche lourde à réaliser

Certaines sections du PDI ont en revanche été moins appréciées, notamment l’évaluation des compétences, la formulation d’objectifs à long terme ou la rédaction du bilan des accomplissements. Le modèle de PDI a également été critiqué en raison de sa longueur et de son manque de flexibilité, tant dans son format que dans son contenu.

Dans le contexte où les étudiantes et étudiants des cycles supérieurs ont des horaires chargés, le temps requis pour compléter ce type de document a été identifié comme un obstacle majeur pour 53 % des personnes.

Quelques pistes pour utiliser des PDI en enseignement supérieur

Les résultats montrent que, bien que perfectible, ce type d’outil est jugé pertinent par les personnes étudiantes : 59 % des personnes interrogées croient que leur établissement devrait continuer de demander aux étudiantes et étudiants de remplir un PDI, comparativement à 19 % qui croient le contraire.

L’équipe de recherche émet quelques recommandations pour une utilisation réussie des PDI en enseignement supérieur :

  • Rendre l’outil obligatoire 

Les personnes interrogées dans le cadre de l’étude étaient obligées de remplir le PDI, ce qu’elles ont critiqué. Or, elles reconnaissent qu’elles ne l’auraient pas fait autrement et se disent satisfaites des bénéfices qu’elles en retirent.

L’équipe de recherche estime que les bénéfices des PDI compensent pour la perception négative de leur caractère obligatoire. Néanmoins, les établissements qui souhaitent mettre en place ce type d’outil doivent s’assurer d’avoir les ressources pour soutenir adéquatement les étudiantes et les étudiants dans cette démarche.

  • Faciliter les rencontres

Bien que les modèles de PDI puissent varier, l’équipe de recherche recommande d’y inclure des rencontres avec les personnes mentores ou professionnelles – les deux éléments jugés les plus utiles par les personnes participantes.

  • Demeurer flexible

En réponse à l’une des critiques étudiantes concernant la rigidité de l’outil, l’équipe recommande de développer un processus de PDI flexible répondant mieux à la diversité des besoins et des connaissances des étudiantes et des étudiants.

Référence

Arnaud, E. et Cahill, S. (2024). Graduate Student Perceptions of the Effectiveness of Individual Development Plans. Canadian Journal of Higher Education/La Revue canadienne d’enseignement supérieur, 54(1), 71 ‑88. https://journals.sfu.ca/cjhe/index.php/cjhe/article/view/189931