Une étude européenne s’intéresse aux défis rencontrés par les étudiantes et étudiants autistes pour trouver un emploi. Ce faisant, elle propose des pistes d’action pour leur offrir un meilleur accompagnement.

Alexandra Barry (Agence de santé publique du Royaume-Uni), Elena Syurina (Université libre d’Amsterdam) et Mitzi Waltz (Université libre d’Amsterdam) présentent les résultats de leur recherche dans l’article Support Priorities of Autistic University Students and Careers Advisors : Understanding Differences, Building on Strengths.

Les résultats présentés se basent sur les données récoltées par le biais d’enquêtes, d’ateliers et d’entretiens individuels. Plus précisément, deux sondages ont été réalisés : l’un auprès de personnes autistes étudiantes ou diplômées (n=103), et le second, auprès d’employeurs et auprès du personnel d’établissements d’enseignement supérieur (conseillers ou conseillères en orientation, tuteurs et tutrices, gestionnaires) (n=154). Les questions des sondages invitaient les personnes répondantes à classer différents obstacles ou facilitateurs selon leur importance. Des ateliers et des entretiens individuels, réalisés à la suite des sondages, ont permis de contextualiser les réponses obtenues.

En plus d’identifier les barrières et les facteurs facilitant l’insertion professionnelle des personnes étudiantes ou diplômées autistes, les résultats font ressortir un décalage entre la perception des étudiantes et des étudiants autistes et celle des personnes professionnelles qui les accompagnent.

Les barrières à l’emploi

La communication et les entrevues d’embauche

Aux yeux des personnes conseillères en orientation, les difficultés de communication liées au processus d’embauche et à l’entretien lui-même sont les principaux obstacles vécus par les personnes étudiantes autistes. Pourtant, pour ces dernières, ces obstacles étaient les moins importants parmi ceux listés dans le questionnaire.

Les chercheuses offrent deux explications potentielles à cet écart. Il se pourrait que la perception des personnes conseillères en orientation soit teintée par une vision stéréotypée de l’autisme – souvent axée sur les difficultés sociales vécues par les personnes autistes. En contrepartie, l’écart observé pourrait aussi refléter une surestimation des aptitudes communicationnelles de la part des personnes autistes.

Cette différence de perception offre une piste pour améliorer l’accompagnement des personnes autistes dans leur recherche d’emploi :

« Si cette différence de perception des obstacles est due au fait que les personnes conseillères s’appuient par inadvertance sur des stéréotypes, la solution consiste à remettre l’accent sur l’individu et la perspective de la neurodiversité. Si, en revanche, elle est due à un manque de connaissance de soi, les conseillers et conseillères peuvent travailler avec les personnes étudiantes pour les aider à y voir plus clair. »

Barry et al., 2023, p.245 [traduction libre].

L’anxiété et le stress

L’anxiété et le stress sont les principaux obstacles à l’emploi énoncés par les personnes étudiantes. Or, ces éléments semblent sous-estimés par les personnes qui les accompagnent puisqu’elles n’ont pas identifié le stress et l’anxiété comme principale difficulté à l’embauche. Les chercheuses font valoir que l’accompagnement offert devrait donc mettre davantage l’accent sur la gestion du stress que sur les éléments de communication.

Le manque de flexibilité des employeurs

Un autre obstacle identifié concerne le manque de flexibilité de certains employeurs est leur méconnaissance de l’autisme. Bien que le rôle des conseillers et conseillères en orientation soit limité sur ce point, les chercheuses estiment qu’ils et elles pourraient davantage repérer les employeurs ouverts à la neurodiversité et suivre le parcours en emploi de leurs étudiants et étudiantes afin d’identifier les lieux de travail les plus accommodants.  

Comment mieux préparer les personnes autistes au processus d’embauche ?

Offrir des occasions de pratiquer

Les groupes de discussion et les entrevues individuelles, tout comme la littérature scientifique sur le sujet, ont montré que faire des pratiques d’entrevues et des jeux de rôle contribue à donner confiance aux personnes autistes. Il est aussi suggéré de filmer les étudiants et les étudiantes durant ces exercices pour ensuite formuler des commentaires précis sur leur performance. En plus de développer leur confiance, ces pratiques pourraient contribuer à diminuer le stress des personnes étudiantes.

Connaître ses forces

Pour aider les personnes autistes à se connaître et à faire valoir leur potentiel, les chercheuses suggèrent de les accompagner à développer un « profil personnel » faisant la liste de leurs forces et des défis qu’elles rencontrent dans différents domaines.

Cet exercice permettrait notamment d’apprendre à valoriser certains traits de personnalité et à montrer qu’ils constituent un atout pour le travail. Les chercheuses renvoient par ailleurs à un outil spécifiquement créé pour ce type d’exercice : https://toolkit.imageautism.com/

Communiquer en tenant compte des besoins des personnes étudiantes

Les chercheuses rappellent qu’en plus de communiquer de façon claire avec les personnes étudiantes autistes (en formulant des instructions cohérentes, sans ambiguïtés), les personnes conseillères devraient aussi demander aux étudiantes et étudiants autistes comment ils préfèrent recevoir et transmettre de l’information.

Référence

Barry, A., Syurina, E. et Waltz, M. (2023). Support Priorities of Autistic University Students and Careers Advisors: Understanding Differences, Building on Strengths. Disabilities, 3(2), 235‑254. https://doi.org/10.3390/disabilities3020016