Résultats de recherche
Mesures d’accommodements et résultats scolaires des étudiant·es en situation de handicap (ESH)
16 avril 2021
Résultats de recherche
16 avril 2021
L’article Accommodations and academic performance: First-year university students with disabilities, paru dans le plus récent numéro de la Revue canadienne de l’enseignement supérieur, présente les résultats de cette étude réalisée par Jeanette Parsons, Mary Ann McColl, Andrea K. Martin et David W. Rynard.
Dans le contexte de l’augmentation des inscriptions d’ESH dans les universités canadiennes, l’équipe de recherche a souhaité évaluer précisément :
Chacun·e des 71 participant·es ayant un handicap ont été appariés à 5 étudiant·es n’ayant mentionné aucun handicap. L’appariement de chaque participant·e du groupe d’observation avec cinq participant·es du groupe témoin fournit un point de référence plus précis pour la comparaison statistique (Parsons et al., 2021, p.44).
L’échantillon d’ESH comprend des participant·es ayant des troubles d’apprentissage (49,3 %), des troubles de santé mentale (dont le TDAH) (38 %) et des troubles physiques (12,7 %). L’échantillon d’ESH comprend 39 femmes et 32 hommes, qui étudient dans des programmes variés.
Le fait d’avoir un handicap est associé de manière significative à de moins bons résultats scolaires. Après la première année d’université, la moyenne générale des ESH était significativement plus basse, et ils ont également échoué plus de cours que les participant·es sans handicap.
De façon surprenante, certaines mesures ont été associées à un rendement scolaire inférieur chez les participant·es qui en ont bénéficié par rapport aux participant·es qui n’en ont pas bénéficié :
Ces résultats contrastent avec ceux de recherches antérieures qui ont montré que de telles mesures d’accommodement étaient associées à une meilleure performance académique, notamment l’aide à la prise de notes et le temps supplémentaire aux examens.
Selon l’équipe de recherche, certaines mesures d’accommodement peuvent être liées à de moins bons résultats scolaires parce qu’elles n’atténuent pas totalement l’effet du handicap sur les résultats scolaires. Par exemple, l’utilisation d’un ordinateur pour le traitement de texte en tant qu’aménagement peut aider à la mécanique de l’écriture, comme l’orthographe et la grammaire. Cependant, elle ne favorise pas la génération d’idées, la clarté de l’écriture, la maîtrise du contenu ou la qualité de l’argumentation.
L’équipe de recherche suggère également que l’aide à la prise de notes pourrait priver des effets d’apprentissage inhérents à la prise de notes personnelle. Sachant qu’une prise de notes est assurée, la personne aidée peut écouter moins activement en classe et être moins motivée à relire et à développer des notes après le cours.
Plus les participant·es perdent des mesures d’accommodement lors de la transition à l’université, plus leur moyenne pondérée cumulative est faible et plus ils sont susceptibles d’échouer un cours pendant leur première année.
La perte de trois aménagements spécifiques est liée à une moyenne générale plus faible et à une probabilité accrue d’échouer un cours :
En raison de la taille importante des classes et des préoccupations relatives à l’intégrité académique, plusieurs professeur·es d’université font passer les examens crayon-papier. Les ESH qui n’avaient pas l’habitude de rédiger des examens à la main sont probablement désavantagé·es. En effet, par rapport à l’utilisation d’un ordinateur, l’écriture à la main peut être beaucoup plus lente, peut rendre les corrections difficiles et peut être source de distraction si la personne se concentre sur l’acte d’écrire à la main plutôt que sur ce qu’il faut écrire.
Selon l’équipe de recherche, les directions d’admission des universités devraient tenir compte du fait que la moyenne des ESH avant l’entrée à l’université n’est peut-être pas un bon indicateur de leur réussite académique. Par conséquent, les établissements d’enseignement supérieur pourraient recueillir des informations supplémentaires sur les aménagements précédents, en notant les changements de mesures une fois les ESH arrivés à l’université. Ces informations pourraient être utilisées pour élaborer des programmes de stratégies d’apprentissage pour les ESH, programmes qui devraient être adaptés aux déficits d’apprentissage spécifiques qui surviennent lorsque les mesures d’accommodement changent.
Les universités ont démontré leur capacité à s’adapter lors de la pandémie de COVID-19, et ce, en un temps record. Par exemple, des enseignant·es qui faisaient passer des examens crayon-papier nécessitant une forte mémorisation ont adopté les évaluations en ligne. L’utilisation de techniques d’enseignement diversifiées pour présenter l’information, l’ajout de temps supplémentaire aux examens et l’encouragement des ESH peuvent reproduire certains des soutiens disponibles avant l’université. Ces efforts permettraient d’améliorer les expériences de transition des ESH et de réduire le besoin d’aménagements personnalisés, tout en améliorant l’accessibilité pour l’ensemble des populations étudiantes.
Référence : Parsons, J., McColl, M.A., Martin, A. K., & Rynard, D.W. (2021). Accommodations and academic performance: First-year university students with disabilities. Canadian Journal of Higher Education | Revue canadienne d’enseignement supérieur 51(1), 41-56.
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