Résultats de recherche
L’importance de la motivation dans le choix de carrière
6 avril 2022
Résultats de recherche
6 avril 2022
C. Bargmann, L. Thiele, et S. Kauffeld, chercheuses à l’Institut de psychologie de Technische Universitat Braunschweig (Braunschweig, Allemagne), ont publié les résultats de leur recherche dans le plus récent numéro de la revue Higher Education.
S’appuyant sur la théorie des attentes-valeurs (extended expectancy-value), les chercheuses rappellent que la motivation des étudiant·es comprend deux composantes : les attentes de succès (qui renvoient aux croyances personnelles) et les valeurs attribuées aux apprentissages (ce qui incite la personne à s’engager). Le « coût », soit l’effort à fournir, constitue une autre composante de la motivation qui a été ajoutée dans de récentes recherches sur les modèles motivationnels.
À titre d’exemple, un·e étudiant·e qui évalue l’effort à fournir comme étant trop élevé pourrait être moins motivé·e, même avec des attentes et des valeurs d’intérêt élevées.
Barron & Hulleman, 2015
La recherche de Bargmann, Thiele et Kauffeld (2022), menée auprès de 351 étudiant·es universitaires (74,6 % de femmes et 25,4 % d’hommes) de première année en enseignement, vise donc à examiner trois composantes de leur motivation :
Comment ces trois composantes peuvent influencer le choix de carrière et l’intention d’abandon après un an d’études ? Telle est la question posée par cette équipe de recherche allemande.
Ces trois composantes de la motivation semblent être des forces motrices dans le choix de carrière des étudiant·es. Néanmoins, seuls la valeur d’intérêt et l’effort à fournir affectent directement la persévérance des étudiant·es de première année dans le programme d’études choisi.
En effet, les croyances en matière d’aptitudes n’ont pas affecté leur intention d’abandonner leurs études. Ce résultat met en évidence la valeur de l’intérêt et le coût de l’effort comme étant les facteurs de motivation les plus importants dans le choix de carrière et l’intérêt continu pour étudier dans une discipline.
Plusieurs aspects du développement de la valeur de l’intérêt au cours de la première année sont intéressants. De manière surprenante, une comparaison des données entre le début des études et la fin de la première année a révélé des changements en ce qui concerne la valeur d’intérêt : celle-ci a diminué.
Les étudiant·es qui ont déclaré une valeur d’intérêt élevée ont également affiché des croyances en leurs capacité plus élevées que ceux ayant une valeur d’intérêt plus faible. Selon les chercheuses, un intérêt élevé envers les études peut conduire à un engagement plus prononcé au cours de la première année, ce qui peut à son tour entraîner un retour positif et, par conséquent, des croyances plus élevées en matière d’aptitudes après la première année.
En somme, le principal apport de cette recherche est de tenir compte des trois composantes motivationnelles (croyances en matière de capacités, valeur d’intérêt et effort de la tâche) et d’identifier l’effort de la tâche comme un prédicteur considérable du choix de carrière et de l’intention d’abandonner les études en enseignement supérieur.
La recherche de Bargmann, Thiele et Kauffeld (2022) possède des implications importante pour les équipes professionnelles et d’intervention dans les établissements d’enseignement supérieur, notamment pour les conseillères et les conseillers d’orientation qui s’intéressent au choix de carrière des étudiant·es.
Les chercheuses pointent le risque que deux phénomènes se combinent au cours de la première année d’université :
Cette combinaison de la baisse de la valeur de l’intérêt et de la perception de l’effort à fournir peuvent entraîner une augmentation de l’intention d’abandonner les études trois mois plus tard, selon les résultats de la présente recherche.
Les chercheuses proposent que le personnel professionnel des établissements d’enseignement supérieur évalue si certaines conditions d’études affectent l’effort de travail des étudiant·es. Accompagner l’étudiant·e renvoie à l’amener à trouver un équilibre entre l’effort de travail « nécessaire » et l’effort de travail trop élevé.
Il pourrait être judicieux de demander aux étudiant·es qui déclarent une valeur d’intérêt faible et un effort de travail élevé de choisir entre deux options :
Les établissements devraient également tenir compte du fait que les étudiant·es de première année connaissent moins les structures organisationnelles de leur nouvel environnement d’apprentissage. Des recherches précédentes ont montré que la motivation intrinsèque des étudiant·es peut augmenter à nouveau après la première année; par conséquent, toute avenue devrait rester ouverte et le soutien de chaque parcours professionnel devrait être assuré.
Enfin, les chercheuses proposent que davantage d’informations sur l’encadrement des études soient fournies aux futur·es étudiant·es afin de leur permettre de mieux anticiper la charge de travail liée à leurs études. Les universités pourraient proposer des services de soutien spécifiques aux étudiant·es de première année, de même que des rencontres d’orientation à la fin de celle-ci afin d’évaluer leur motivation pour les études choisies.
Bargmann, C., Thiele, L. & Kauffeld, S. (2022). Motivation matters: predicting students’ career decidedness and intention to drop out after the first year in higher education. Higher Education 83, 845–86.
Barron, K. E., & Hulleman, C. S. (2015). Expectancy-value-cost model of motivation. In J. D. Wright (Ed.), International encyclopedia of the social and behavioral sciences.
Consulter le dossier CAPRES sur la persévérance en enseignement supérieur (2021)
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