Le Comité de recherche sur les transitions aux études supérieures des étudiants.es autochtones présente un rapport comportant plusieurs pistes d’action pour favoriser les transitions scolaires des étudiants et étudiantes autochtones.

Le rapport Favoriser les transitions afin de soutenir la persévérance scolaire des étudiants.es autochtones au SaguenayLac-Saint-Jean, réalisé dans le cadre d’une démarche régionale du Pôle sur les transitions en enseignement supérieur, explore le vécu des étudiants et étudiantes autochtones quant à leur transition vers l’enseignement supérieur et expose le point de vue d’acteurs et d’actrices qui les soutiennent dans ces moments charnières.

Le soutien offert aux étudiants et étudiantes des Premiers Peuples

Le Comité de recherche a recensé les activités d’accompagnement annoncées sur les sites Web des cégeps et des universités au Québec. Cette recension montre que 19/48 cégeps et 11/18 universités annoncent des mesures de soutien pour les personnes étudiantes des Premiers Peuples. Ces mesures sont divisées en six catégories (p.16-17) :

  1. La valorisation culturelle, soit les mesures qui visent à valoriser et visibiliser la culture autochtone.
  2. Les services d’accueil soutenant les transitions, c’est-à-dire les mesures pour favoriser l’adaptation des personnes étudiantes autochtones nouvellement inscrites.
  3. Les activités favorisant le rapprochement entre les cultures. Il s’agit, par exemple, d’activités pour favoriser l’intégration et l’inclusion ainsi que le développement de liens interculturels.
  4. L’accompagnement holistique qui répond à des besoins singuliers. Ces mesures concernent notamment l’accompagnement des étudiants et étudiantes autochtones ainsi que de leur famille.
  5. Le soutien à l’apprentissage, soit des initiatives visant à favoriser les transitions, la réussite et la persévérance de l’ensemble de la population étudiante autochtone.
  6. Les mesures visant à sécuriser l’établissement sur le plan structurel avec la mise en place de lieux ou d’action favorisant la reconnaissance des Premiers Peuples.

De façon spécifique au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les personnes responsables d’accompagner la transition des étudiants et étudiantes autochtones ont été rencontrées pour approfondir le portrait du soutien offert. Le rapport présente des exemples précis d’activités déployées dans ces établissements pour chacune des six catégories de mesures précédemment listées.

Les intervenantes et intervenants rencontrés disent tendre vers des pratiques de sécurisation culturelle. En revanche, le déploiement de ce type de pratiques est inégal et dépend largement des acteurs et des actrices en place.

Le vécu des étudiants et étudiantes autochtones

Des entrevues réalisées auprès de personnes étudiantes autochtones de cinq établissements du Saguenay–Lac-Saint-Jean montrent que la transition est qualifiée de moment difficile pour la majorité d’entre elles (21/30).

Elles ont mentionné divers facteurs susceptibles de faciliter ou de nuire à la transition, et ce, à différents niveaux :

  • Individuel (ex. se sentir isolé, avoir des difficultés à demander de l’aide);
  • De l’entourage immédiat (ex. bénéficier du soutien des pairs et de la famille);
  • Des établissements d’enseignement (ex. avoir accès à des ressources et des activités, manquer de contenu culturel autochtone dans les cours);
  • Communautaire (ex. vivre de la discrimination, avoir de la difficulté à se loger) (p.23).

Quelques pistes pour favoriser l’accueil et l’accompagnement

Le Comité de recherche s’est ensuite intéressé aux propos des étudiants et étudiantes et à ceux des intervenants pour dégager six enjeux principaux liés à l’accueil et l’accompagnement des personnes étudiantes issues des Premiers Peuples. Chaque enjeu est accompagné de pistes d’action :

  1. L’accompagnement personnalisé : idéalement, les établissements devraient se doter d’une personne-ressource autochtone. Cela faciliterait la concertation entre les différents services et ferait connaître les ressources offertes aux étudiants et étudiantes.
  2. Le développement d’un sentiment d’appartenance : afin de briser l’isolement, la mise en place d’espaces sécuritaires apparaît comme une pratique prometteuse, tout comme la présence de personnel autochtone ou  l’adoption d’approches inclusives,intégrant des perspectives autochtones.
  3. L’établissement d’un lien de confiance : la rigidité du cadre institutionnel ou encore les approches inadaptées de certaines personnes intervenantes peuvent nuire à la création d’un lien de confiance. Un meilleur travail avec les communautés, le fait de se former sur les réalités autochtones ou encore de prendre le temps de tisser des liens est souhaitable.
  4. La valorisation de la culture autochtone qui pourrait passer par la création de programmes ou de cours permettant d’intégrer ces enjeux ou ainsi que par une meilleure sensibilisation des personnes allochtones.  
  5. La pérennité des ressources (humaines et financières) : cet enjeu révèle les préoccupations des personnes intervenantes quant à la longévité des initiatives de soutien mises en place, mais aussi celles des étudiants et étudiantes en matière d’accessibilité financière. À cet égard, les pistes d’actions identifiées concernent l’adoption d’orientations stratégiques claires, l’embauche de ressources autochtones et la mise en place de mesures facilitant l’accès à des programmes et aux logements.
  6. L’évaluation des acquis et le développement des compétences : des mesures facilitant la reconnaissance et l’évaluation des acquis sont souhaitées pour les personnes étudiantes ayant effectué leur scolarité dans des établissements autochtones. Une meilleure préparation aux études postsecondaires et la mise à disposition d’une personne-ressource pour répondre aux questions sur l’organisation des établissements font également partie des pistes d’action proposées par les personnes étudiantes.

En somme, le rapport du Comité de recherche sur les transitions aux études supérieures des étudiants.es autochtones met en lumière le fait que les établissements – et les acteurs et actrices qui œuvrent auprès des étudiants et étudiantes des Premiers Peuples – sont engagés vers la sécurisation culturelle, mais que les initiatives sont, à ce stade, inégales :

« [O]n retient que tous les intervenants.es scolaires ne sont pas au même endroit en ce qui a trait au continuum de développement de la sécurisation culturelle et que les initiatives mises en place présentement dans les établissements sont plus « locales » et souvent supportées de façon individuelle. Il importe aussi de souligner le positionnement des établissements postsecondaires du SLSJ [Saguenay–Lac-Saint-Jean] qui sont d’ores et déjà engagés sur la piste de la sécurisation culturelle. Les différentes actions de mobilisation régionales en cours permettront d’harmoniser l’offre de services et d’accompagnement des étudiants.es autochtones afin de soutenir les transitions scolaires. » (p.37)

Références

Comité de recherche sur les transitions aux études supérieures des étudiants.es autochtones. (2023). Favoriser les transitions afin de soutenir la persévérance scolaire des étudiants.es autochtones au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Université du Québec à Chicoutimi; ÉCOBES – Recherche et transfert, Cégep de Jonquière.

Pôle sur les transitions en enseignement supérieur. (2023, 12 juin). Les conclusions attendues du comité de recherche sur les transitions aux études supérieures des étudiant(e)s autochtones. https://poletransitionseducation.ca/les-conclusions-attendues-du-comite-de-recherche-sur-les-transitions-aux-etudes-superieures-des-etudiantes-autochtones/