L’Association Européenne des Universités (EUA) a récemment fait paraître la 9e édition de son rapport sur les tendances dans l’enseignement supérieur en Europe.

Ce rapport se base sur les données récoltées par le biais d’un questionnaire auquel ont répondu 489 établissements d’enseignement supérieur répartis dans 46 systèmes éducatifs européens.

Il aborde 5 grandes thématiques :

  • Les réformes et les stratégies européennes, nationales et institutionnelles
  • Les missions de l’enseignement supérieur
  • Les populations étudiantes
  • La croissance de la formation non diplômante
  • Les échanges et les collaborations à l’international et entre les établissements

L’ORES attire l’attention sur quelques constats présentés dans le rapport.

L’apprentissage flexible : au-delà des modalités d’enseignement

Le rapport précédent, paru en 2018, faisait déjà mention de la diversité des profils étudiants et des besoins de flexibilisation qui en découlent. Cette tendance se confirme : selon les données de 2024, 52% des établissements ont accru la flexibilité offerte aux personnes étudiantes. Deux principales approches de flexibilisation sont mises en œuvre :

  • La flexibilité offerte dans les programmes d’études conventionnels. Il est alors question de méthodes flexibles pour l’atteinte des résultats d’apprentissage (ex. temps requis pour la diplomation, possibilité d’étudier à temps partiel, offre de choix de cours optionnels, diversification des modes d’enseignement).
  • La flexibilité offerte grâce à une offre de formation complémentaire non diplômante (ex. formations de courte durée, microcertifications). Ces approches relèvent de la formation continue ou de l’apprentissage tout au long de la vie.

Dans les deux cas, les auteurs du rapport relèvent que la flexibilité concerne peu les méthodes pédagogiques : les étudiantes et les étudiants n’ont que rarement leur mot à dire sur les sujets étudiés en classe (13%) ou sur les modalités d’évaluation d’un cours (10%).

L’essor de la formation non diplômante

Les données récoltées montrent que la formation non diplômante se popularise. Ce type de formation est offert dans 70% des établissements sondés, et 21% planifient en offrir.

Les microcertifications gagnent notamment en importance : 75% des établissements ayant répondu au questionnaire mentionnent que le développement des microcertifications s’inscrit dans une stratégie de diversification de leur offre éducative. Cette croissance vise notamment à répondre aux attentes des gouvernements et des employeurs. Plusieurs établissements voient aussi dans ce type de formation une façon d’améliorer l’accès à l’enseignement supérieur.

Des défis sont associés à ce type de formation, notamment :

  • L’absence de référentiel encadrant cette offre éducative. Dans le contexte européen, il est notamment craint que les programmes développés ne soient pas reconnus entre les établissements et entre les pays.
  • Le statut mal défini des personnes inscrites dans ces formations et le modèle de financement de ces programmes.
  • Les attentes élevées associées à ces formations : les établissements ressentent une pression à en offrir, mais leur utilité future ou leurs retombées demeurent incertaines en l’absence de vision commune entre les systèmes éducatifs.

En outre, la place des formations non diplômantes vis-à-vis des programmes traditionnels fait l’objet de débats. Les personnes répondantes demeurent majoritairement convaincues que les programmes de baccalauréat resteront le principal point d’entrée vers l’enseignement supérieur, mais certaines personnes croient que les microcertifications offriront une alternative intéressante pour certaines populations étudiantes.

La vision d’un apprentissage tout au long de la vie

Ces tendances montrent que les établissements, de concert avec les décideurs politiques, devront se pencher sur l’offre éducative, composée à la fois de programmes traditionnels menant à un grade et de formations non diplômantes, et ce, pour répondre aux besoins d’un large éventail de personnes apprenantes.

Les auteurs du rapport se demandent si l’essor des formations non diplômantes pourrait marquer la fin de l’époque où un diplôme universitaire était suffisant pour toute la vie, au profit d’une culture de l’apprentissage et du développement de compétences tout au long de la vie.

Compte tenu de l’évolution du nombre et de la composition du corps étudiant dans de nombreux pays, et de l’essor de la formation non diplômante, les établissements d’enseignement supérieur doivent explorer et redéfinir leur offre de formation pour l’avenir. Il faut réfléchir à ce que signifie l’apprentissage flexible, à la place des établissements d’enseignement supérieur dans l’apprentissage tout au long de la vie […] et à l’expérience que les que les établissements veulent offrir à leurs étudiantes et étudiants dont les besoins sont variés » (p.84, traduction libre)

Référence

Gaebel, M., Zhang, T et Stoeber, H. (2024). Trends 2024. European higher education institutions in times of transition. European University Association [EUA].  https://www.eua.eu/publications/reports/trends-2024.html?utm_source=X&utm_medium=social&utm_campaign=social-X-launch-campaign