Icone. Idée. Type de pratique : Programme de jumelage

Icône. École. Niveau d’enseignement : Universitaire

Icône. Lieu. Lieu : Université du Québec à Montréal (UQAM)

Depuis plus de 15 ans maintenant, le programme « Ensemble pendant les Fêtes » permet à des étudiantes et étudiants internationaux de l’UQAM de se sentir moins seuls en vivant une activité sociale durant la période des Fêtes.

Briser l’isolement pendant le congé de fin d’année

Parce qu’elle bouleverse les réseaux familiaux et sociaux, l’immigration rend les personnes plus vulnérables à « la solitude sociale et émotionnelle » (Statistique Canada, 2021). Pendant les Fêtes, alors que l’université est fermée et que la plupart des gens vont festoyer avec leurs proches, plusieurs personnes étudiantes internationales n’ayant pas la possibilité de rentrer chez elles se retrouvent seules. En 2007, après avoir reçu les confidences de quelques étudiantes et étudiants qui appréhendaient ce moment de l’année, une employée du Bureau des diplômés a décidé de mettre sur pied un programme de parrainage pour briser l’isolement des étudiantes et étudiants internationaux. Depuis quelques années, les Services à la vie étudiante ont repris le flambeau et le programme a pris de l’ampleur, mais la formule est essentiellement restée la même.

Comment ça fonctionne ?

Les Services à la vie étudiante jumellent des membres de la communauté uquamienne à des personnes étudiantes de l’international. Les activités proposées par les parrains et marraines (ex. un repas, une sortie sportive ou culturelle) doivent être ouvertes à au moins deux personnes étudiantes, pour des raisons de sécurité et pour rendre l’expérience moins intimidante. Les étudiants et les étudiantes précisent de leur côté le type d’activités qu’ils et elles souhaitent vivre dans le temps des Fêtes. Le pairage est réalisé par la personne responsable du programme, sur la base des informations fournies dans les formulaires d’inscription remplis durant l’automne. 

À l’UQAM, « Ensemble pendant les Fêtes » s’inscrit dans un ensemble de services offerts à la population étudiante internationale, afin de faciliter leur arrivée et leur intégration. Ces services sont regroupés depuis quelques années au sein du programme d’accueil « Allô », qui comprend plusieurs volets : jumelage, pairs aidants, activités, voyages, ateliers et webinaires, etc.

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Un grand casse-tête à assembler

Photo de l'équipe Allô assise autour d'un sapin de Noël
L’équipe Allô

Les festivités seront officiellement lancées le 18 décembre, avec un cocktail pour toutes les personnes inscrites, une occasion d’établir un premier contact et qui permet dans certains cas des « maillages naturels ».  D’ici là, Michèle Jacques, la conseillère à la vie étudiante responsable du programme, prendra le temps d’appeler tous les nouveaux parrains et toutes les nouvelles marraines, afin de leur expliquer le fonctionnement du programme.

Michèle Jacques dispose de quelques semaines pour s’assurer que toutes les personnes inscrites au programme auront été jumelées. Ce n’est pas une mince tâche, car il faut tenir compte d’un grand nombre de paramètres :

  • Les disponibilités
  • La possibilité (ou non) pour les personnes étudiantes de se déplacer à l’extérieur de Montréal
  • Les contraintes alimentaires (ex. allergies ou restrictions)
  • Les coûts de certaines activités (ex. le ski)
  • La langue (toutes les personnes qui participent à l’activité doivent pouvoir communiquer assez facilement entre elles)
  • Les intérêts

Une fois le jumelage complété, c’est au tour des parrains et des marraines de communiquer directement avec les étudiantes et les étudiants pour les inviter.

Le facteur humain

À chaque année depuis qu’elle est responsable du programme, Michèle Jacques remplit son grand tableau Excel avec les activités proposées par les parrains et marraines et les préférences des personnes étudiantes.  Cette année, l’équipe du programme a décidé de faire l’essai d’une plateforme en ligne, qui permettra aux personnes étudiantes de sélectionner elles-mêmes l’activité qui les intéresse. Les personnes qui accueillent recevront un message automatisé avec les informations des personnes qui se seront inscrites à leur activité.

En mode « amélioration constante », Michèle Jacques restera à l’affut pour s’assurer du bon déroulement du pairage, et continuera de faire des suivis par téléphone et par courriel.

L’essentiel, c’est que chaque personne étudiante qui en fait la demande ait la chance de participer à une activité dans le temps des Fêtes. Si, exceptionnellement, l’équipe du programme n’arrive pas à jumeler tout le monde, le programme « Allô » organise une activité, pourque personne ne soit laissée pour compte. D’ailleurs, Michèle Jacques reste disponible pendant tout le temps des Fêtes, pour réagir en cas de problème, ou pour trouver une nouvelle activité à une ou un étudiant en cas d’annulation de dernière minute : « c’est un peu comme un jeu de Tetris, constamment en mouvement ! », explique-t-elle en souriant.

Défis à relever

Si l’on fait exception des années de pandémie, qui ont forcé la suspension du programme, la demande augmente d’année en année. En 2007-2008, première année du projet, huit parrains et marraines, et cinq personnes étudiantes y ont participé. En 2022-2023, ils étaient une centaine d’étudiantes et d’étudiants internationaux à s’inscrire. Du côté des parrains et marraines, si leur nombre n’a pas encore retrouvé le niveau pré-pandémie, ils et elles étaient tout de même une trentaine à répondre « présent » l’an dernier. 

Les défis à relever pour assurer le succès du programme et sa pérennité sont nombreux. Michèle Jacques en évoque trois :

  • Recruter assez de parrains et de marraines pour accueillir toutes les personnes étudiantes intéressées. Après la pandémie, le nombre de demandes étudiantes a cru plus rapidement que les offres d’activités, mais l’équilibre s’améliore.
  • Conjuguer toutes sortes de personnalités, et jongler avec des exigences multiples. La personne en charge du programme doit faire preuve de tact mais aussi mettre des limites face à des demandes parfois exagérées.
  • Les cas de défection sans préavis (plus connus en anglais sous l’expression de no-show). Ce phénomène est en croissance, malgré les messages de sensibilisation répétés à chaque année. Michèle Jacques insiste sur l’importance des « suivis personnalisés » auprès des personnes participantes. Cette année, avec le soutien de son équipe, elle prévoit contacter individuellement chaque étudiante et étudiant, comme elle le fait avec les nouveaux parrains et marraines.

Une initiative appréciée, et inspirante !

Au début de mois de janvier, toutes les personnes participantes reçoivent un sondage d’appréciation. Les témoignages recueillis montrent que le programme « Ensemble pendant les Fêtes » est apprécié. Dans certains cas, de véritables relations d’amitié se sont créées grâce au programme.

Plus de la moitié des parrains et marraines participent au programme d’année en année. Michèle Jacques évoque l’exemple d’une diplômée de l’UQAM qui, à tous les ans à Noël ainsi qu’au Jour de l’an, reçoit dans sa maison de campagne quatre ou cinq personnes étudiantes pendant 3 jours.  

Le programme « Ensemble pendant les Fêtes » inspire d’ailleurs d’autres établissements, comme l’Université de Montréal qui a développé en 2023 son propre programme de jumelage du temps des Fêtes.

L’écriture de cette pratique inspirante s’appuie sur une entrevue réalisée avec Michèle Jacques, conseillère à la vie étudiante à l’UQAM, responsable du programme « Allô ». Mme Jacques a approuvé le contenu de ce texte.

Référence

Statistique Canada. (2021, 28 juillet). La solitude autodéclarée chez les immigrants récents, les immigrants de longue date et les personnes nées au Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/36-28-0001/2021007/article/00001-fra.htm