Résultats de recherche
Les services adaptés en enseignement supérieur : le point de vue d’étudiant·es
23 mars 2022
Résultats de recherche
23 mars 2022
Dans un article paru dans la Revue canadienne de l’éducation (2022), Jeanne Lagacé-Leblanc, Line Massé et Nadia Rousseau présentent les résultats d’une recherche qualitative menée auprès de 29 étudiant·es de collèges et d’universités du Québec ayant reçu un diagnostic de TDAH.
Plusieurs participant·es présentent au moins un trouble en comorbidité avec le TDAH : 43 % un trouble d’anxiété et 36 % un trouble d’apprentissage. Près de 83 % des participant·es prennent une médication pour le TDAH.
Vingt participant·es ont également un plan d’intervention actif leur permettant de bénéficier d’accommodements.
Les étudiant·es ont été interrogé·es sur leur utilisation et leur perception des services de soutien de leur établissement.
Celles et ceux qui n’utilisent pas les services adaptés évoquent plusieurs raisons derrière ce choix, notamment :
Les résultats de la recherche montrent également des capacités d’autodétermination chez certain·es étudiant·es qui régulent leurs comportements et possèdent une volonté de recourir à d’autres moyens de manière indépendante (p.266).
Dans l’ensemble, les participant·es jugent que les services adaptés sont utiles, que ce soit pour les aider à faire moins de fautes d’orthographe, à gérer leur temps, à comprendre les lectures ou à gérer le stress lié aux examens.
Toutefois, les chercheuses notent que les services de soutien restent peu utilisés par les étudiant·es interrogé·es. Selon elles :
Les résultats de la présente étude montrent que les services ne répondent pas aux besoins de certaines populations étudiantes, notamment parce qu’elles n’ont pas de difficultés spécifiques ou parce qu’elles ont développé des stratégies personnelles (p.277).
Le personnel des services aux ÉSH pourrait s’interroger sur les types de services offerts et sur les meilleurs moyens de favoriser la participation d’un plus grand nombre d’étudiant·es, notamment en réalisant des consultations auprès des étudiant·es ayant un TDAH (p.277).
Les participant·es de l’étude relèvent plusieurs obstacles dans la mise en œuvre de mesures, qui exacerberaient les symptômes du TDAH au lieu de les diminuer. Voici quelques mesures qui ne font pas l’unanimité chez les participant·es :
Considérant que plusieurs étudiant·es perçoivent cette mesure comme inefficace, les chercheuses suggèrent que les établissements proposent d’autres services ou mesures d’accommodement avant de proposer le local adapté, et de l’offrir seulement aux étudiant·es ayant d’importants besoins ou pour qui d’autres mesures n’ont pas eu les effets escomptés (p.268).
Les étudiant·es devraient être parties prenantes des choix des accommodements à leur plan d’intervention, afin que ceux-ci répondent à leurs besoins (p.268).
L’utilisation du temps supplémentaire pour les examens apparait utile lors des examens contenant des questions à développement, car les étudiant·es semblent rencontrer davantage de problèmes lors de ces situations d’évaluation.
Selon les chercheuses, ces résultats montrent la pertinence de s’interroger sur les besoins inhérents à l’utilisation du temps supplémentaire et d’évaluer si d’autres services d’aide ne seraient pas plus adéquats dans certaines situations (p.269).
Certains accommodements, comme l’enregistrement de cours, sont perçus comme inefficaces, car ils exigent de l’étudiant·e des compétences en gestion de temps ainsi qu’une motivation à persévérer dans son utilisation. Selon les chercheuses, les accommodements devraient tenir compte des difficultés fonctionnelles et être plutôt simples pour favoriser leur adaptation (p.269).
La lourdeur associée à certains accommodements, comme le service de prise de notes, peut expliquer leur faible utilisation par les étudiant·es. L’étude apporte quelques réponses intéressantes pour expliquer pourquoi cette mesure peut être jugée inefficace. Selon l’expérience des étudiant·es, les bénéfices sont plus grands lorsqu’ils et elles prennent leurs notes de cours, car il s’agit d’une stratégie d’apprentissage favorisant leur compréhension et leur concentration (p.269).
Les résultats de cette recherche qualitative montrent que plusieurs services de soutien et mesures d’accommodement ont une efficacité variable. Ce constat apparait préoccupant puisque les services adaptés comptent sur ces mesures pour venir en aide aux étudiant·es (p.271).
Selon les chercheuses, il est important de réaliser une évaluation approfondie de l’adaptation des ESH, afin de prendre de bonnes décisions en matière d’accommodements, de répondre à leurs besoins et de favoriser leur autonomie.
Lagacé-Leblanc, Massé et Rousseau estiment également que les établissements postsecondaires auraient intérêt à considérer d’autres approches que celle « par accommodements ». Les obstacles rencontrés par les étudiant·es ayant un TDAH peuvent être traités en adoptant les principes de conception universelle des apprentissages. De telles actions pourraient ainsi contribuer à réduire en amont le besoin d’accommodements (p.272).
Lagacé-Leblanc, J., Massé, L. et N. Rousseau (2022). Perceptions d’efficacité des services de soutien et des mesures d’accommodements des étudiants ayant un TDAH à l’éducation postsecondaire. Revue canadienne de l’éducation, 45(1), 246-278.
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