Pourquoi les étudiantes et les étudiants travaillent durant leurs études ? En quoi le travail influence la persévérance ? Quelles stratégies sont adoptées pour favoriser la persévérance scolaire ?

Une recension des écrits réalisée par la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec offre plusieurs pistes de réponses à ces questions.

Le rapport, basé sur l’analyse de 266 documents parus entre 2000 et 2024, aborde :

  • Les raisons pour lesquelles les élèves et les personnes étudiantes travaillent durant leurs études
  • Les effets du travail sur la persévérance scolaire
  • Les stratégies et les actions pour favoriser la persévérance

La recension des écrits porte sur les élèves du secondaire et sur les personnes qui étudient au collégial ou à l’université. L’ORES se concentre ici sur les constats qui concernent les étudiantes et étudiants de l’enseignement supérieur.

Les raisons de travailler durant les études

Sans surprise, la principale motivation à travailler durant les études est d’ordre financier. Les études consultées montrent que les étudiantes et les étudiants travaillent pour répondre à leurs besoins de base, pour payer les frais liés aux études, pour gagner de l’indépendance financière, mais aussi pour maintenir leur style de vie.

Les études recensées montrent qu’une part importante des étudiantes et étudiants ne travailleraient pas si cela n’était pas nécessaire pour subvenir à leurs besoins. Les autrices et l’auteur du rapport font donc valoir qu’il y a un enjeu de justice sociale à considérer et qu’il faut réfléchir aux actions qui permettraient d’alléger le fardeau financier lié à la poursuite des études postsecondaires.

Des motifs professionnels ressortent également : plusieurs étudiantes et étudiants travaillent dans l’optique d’acquérir de l’expérience, de développer leurs compétences professionnelles et d’améliorer leur employabilité. Pour les autrices et l’auteur du rapport, une réflexion devrait être amorcée afin de définir les rôles des employeurs dans le développement de ces compétences.

Des motifs personnels (ex. développer sa confiance, son sens des responsabilités, son autonomie, socialiser, occuper ses temps libres…) tout comme des motifs familiaux (ex. parents qui demandent que leur enfant travaille, volonté d’aider sa famille financièrement) ressortent également de la recension.

Le lien entre le travail durant les études et la persévérance scolaire

Les écrits recensés utilisent des méthodologies variées, qu’elles soient quantitatives ou qualitatives. Il est donc difficile d’établir un portrait clair du lien entre le travail et la persévérance.

De façon générale, les études montrent qu’un certain nombre d’heures travaillées chaque semaine ne nuit pas à la persévérance ni au rendement scolaire. En revanche, plus le nombre d’heures travaillées augmente, plus des effets négatifs du travail risquent d’être observés sur la moyenne obtenue et la persévérance scolaire. Également, les études ne permettent pas d’identifier un nombre d’heures travaillées optimal.

Ainsi, les autrices et l’auteur du rapport appellent à des actions répondant aux réalités locales pour soutenir les étudiantes et les étudiants qui travaillent durant leurs études. Ces actions devraient notamment tenir compte de l’indice de défavorisation socioéconomique, des secteurs d’emploi d’une région donnée ou encore de la présence d’institutions d’enseignement supérieur à proximité.

Les stratégies pour concilier études et travail

La recension des écrits a permis de faire ressortir des stratégies mises en œuvre par les étudiantes et les étudiants pour concilier leurs études et le travail. Ces stratégies concernent :

  • La gestion du temps (ex. apprendre à organiser son temps, à le maximiser, à planifier son emploi du temps pour allouer du temps aux études, utiliser un agenda, développer et maintenir une routine, réduire le temps alloué aux activités sportives et sociales)
  • La priorisation des études – manifestée par des ajustements au niveau de l’emploi (ex. diminuer le nombre d’heures de travail, adapter ses horaires de travail à celui de ses cours, privilégier des emplois offrant des horaires flexibles)
  • La priorisation du travail – manifestée par des ajustements au niveau des études (ex. suivre des cours en ligne pour sauver du temps, organiser son horaire de cours en fonction de celui du travail, réduire ses attentes au niveau des résultats scolaires, réduire sa charge de cours)

À travers ces stratégies deux défis se révèlent : le manque de temps et le manque de ressources financières. Le respect des exigences liées aux études et à l’emploi amène à gérer son temps par diverses stratégies, tandis que les impératifs financiers exigent des efforts pour obtenir les ressources financières nécessaires.

« Dans tous les cas, les stratégies documentées ne permettent pas de maîtriser complètement ces deux enjeux et elles semblent donc se caractériser par une recherche constante d’équilibre, d’ajustement et de compromis entre ces deux paramètres » (p.80)

Afin de soutenir la conciliation travail-études, il apparait nécessaire de favoriser la concertation entre les employeurs et les établissements d’enseignement. Également, les autrices et l’auteur du rapport font valoir que le fardeau financier des étudiantes et des étudiants devrait être allégé, afin que le fait de travailler relève d’un choix individuel plutôt que d’une contrainte à la poursuite des études.

Référence

Supeno, E., Longo, M. E. et Lapointe-Garant, M. (2024). Travail chez les jeunes pendant leurs études. Recension des écrits [rapport de recherche adressé à PRÉCA, R3USSIR, RRM et Complice]. Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec. https://chairejeunesse.ca/documentation/travail-chez-les-jeunes-pendant-leurs-etudes-recension-des-ecrits/