Destinée à tous les acteurs et actrices du milieu éducatif, l’activité Les transitions au cœur de nos préoccupations : deux perspectives internationales a permis de réfléchir à l’importance d’accompagner les personnes étudiantes dans leurs transitions interordres et intercycles. À cette occasion, deux personnes expertes de renommée internationale, Laurie A. Schreiner et Mikaël De Clercq, ont proposé chacune une conférence sur leur conception des transitions vers les études supérieures. Ces présentations ont ouvert des discussions sur la définition de la notion de transition, ses composantes, ses aprioris, la complexité et l’importance de l’engagement des acteurs éducatifs. 

L’événement a été présenté le 22 août 2023 par l’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur et l’équipe de direction du projet Transitions réussies vers les études supérieures : un défi interordres.

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Résumés et documents de présentation

Résumé de la conférence de Laurie A. Schreiner

“Beyond Surviving: Developing and Validating a Model of Thriving.”  

La présentation de Laurie A. Schreiner a porté sur son modèle d’épanouissement [thriving] dans les transitions et sur l’instrument prédictif qui en découle, le thriving quotient 

Le thriving est défini par Schreiner comme une « vision élargie de la réussite étudiante qui intègre l’engagement et le bien-être intellectuel, interpersonnel et psychologique des étudiantes et des étudiants pendant qu’ils sont à l’université » (The Thriving Project, s.d. [traduction libre])  

Le thriving quotient mesure cinq dimensions de l’épanouissement : 

  • L’apprentissage engagé, soit la capacité de mettre en pratique les apprentissages, de les approfondir, d’y réfléchir; 
  • La détermination académique, soit le fait d’investir du temps et des efforts, de reconnaître ses forces, de savoir surmonter les défis; 
  • La citoyenneté diversifiée, soit le degré d’ouverture des personnes face à la différence; 
  • La connexion sociale, soit le fait d’avoir des relations interpersonnelles sur le campus; 
  • La perspective positive, soit le fait d’avoir confiance, d’être optimiste face à ses habiletés. 

Pour Schreiner, l’intérêt d’un tel outil est de permettre une prise en compte de tous les éléments qui agissent positivement sur la transition et de dépasser la conception de l’étudiant ou de l’étudiante comme unique responsable de son succès. En effet, ces cinq éléments réfèrent à des aspects psychologiques, académiques et interpersonnels qui peuvent être influencés par des interventions et un accompagnement adaptés.   

Schreiner ajoute que ses recherches ont permis d’identifier quatre facteurs qui contribuent de manière significative à l’épanouissement des étudiants :  

  • L’implication sur le campus; 
  • La spiritualité au sens large; 
  • Le sens de la communauté; 
  • L’intégrité institutionnelle (le fait que les attentes initiales des étudiants et étudiantes envers leur établissement soient atteintes). 

De plus, elle précise que les personnes enseignantes jouent un rôle primordial dans le développement du sentiment d’appartenance qui lui-même contribue à l’épanouissement. Au-delà de la relation pédagogique, c’est la sensibilité à diverses perspectives et la capacité de la personne enseignante à encourager la diversité en classe qui est déterminante.  

Résumé de la conférence de Mikaël De Clercq

Modélisation du processus de transition vers les études supérieures : comprendre pour mieux agir 

La conférence de Mikaël De Clercq a porté sur son modèle théorique de la transition. Selon ce modèle, quatre étapes façonnent le processus de transition des étudiants et des étudiantes : la préparation, la rencontre, l’adaptation et la stabilisation. Chacune de ces étapes se caractérise par des défis spécifiques. 

La préparation

Première étape de la transition, la phase de préparation correspond à la période qui précède la confrontation avec le système d’enseignement supérieur. Trois défis y sont liés :  

  • L’atteinte d’un niveau de préparation suffisant, ce qui englobe les prérequis disciplinaires et académiques (méthode de travail, stratégies d’études, gestion du temps…); 
  • Le développement d’une motivation positive et du sentiment d’auto-efficacité personnelle; 
  • La formulation d’attentes claires et réalistes. Cela inclut le fait de choisir le bon programme pour soi, mais aussi de savoir à quoi s’attendre lorsque l’on accède à l’enseignement supérieur. 

La rencontre

Cette deuxième phase correspond à la confrontation au nouveau contexte d’enseignement. Les défis associés à cette phase sont :  

  • L’affirmation de soi, soit la confrontation du sentiment de compétence à la réalité;  
  • La quête de sens, en comprenant à quoi servent les cours et comment ils s’insèrent dans un projet de formation plus large; 
  • La création de liens. 

De Clercq explique que les établissements peuvent agir dès les premières semaines de la transition pour réduire les appréhensions des personnes étudiantes. Les établissements et les personnes qui y œuvrent peuvent contribuer à instaurer un climat soutenant, en évitant les discours alarmistes, en expliquant la valeur des cours et en offrant des occasions de socialisation. 

L’adaptation

La phase d’adaptation inclut la période qui suit la phase de rencontre et se poursuit jusqu’à la phase de stabilisation. Elle présente trois défis : 

  • L’engagement comportemental, caractérisé notamment par le temps d’étude, la présence aux cours et la participation; 
  • L’engagement métacognitif, soit les stratégies d’études et l’autorégulation; 
  • L’engagement émotionnel, qui comprend la gestion du stress et de l’anxiété. 

La stabilisation

De Clercq explique qu’une personne étudiante qui arrive au stade de la stabilisation est plus compétente qu’avant la transition, plus confiante, plus engagée, plus performante, plus assumée dans ses choix et prête pour de nouvelles transitions. Cette phase implique un questionnement de la notion de réussite, pour clarifier les dimensions qu’elle souhaite prioriser (ex. validation de crédits, persévérance jusqu’à l’obtention d’un diplôme, épanouissement personnel et vocationnel).  

Pour accompagner les personnes étudiantes dans l’ensemble du processus de transition vers les études supérieures, les établissements peuvent orienter leurs actions sur le développement :  

  • De la gestion de soi; 
  • Des compétences académiques; 
  • Des compétences disciplinaires; 
  • Des compétences numériques; 
  • Des compétences organisationnelles; 
  • De la santé et de l’équilibre de vie; 
  • Du projet personnel et professionnel de la personne étudiante. 

Personnes invitées

Laurie A. Schreiner, PhD

Laurie A. Schreiner, PhD

Laurie A. Schreiner est professeure à l’Université Azusa Pacifique en Californie du Sud. Elle est lauréate de plusieurs récompenses pour ses travaux de recherche et d’enseignement. Ses projets abordent la réussite et le développement du plein potentiel étudiant, la conseillance pédagogique, l’approche centrée sur les forces, la rétention étudiante et les stratégies d’enseignement efficaces. Ses travaux les plus récents sur le développement du plein potentiel étudiant ont porté sur plus de 150 000 personnes étudiantes de 270 universités aux États-Unis, au Canada et en Australie. Ils ont mené à 40 publications ainsi qu’à un ouvrage intitulé Thriving in Transitions : A Research-Based Approach to Student Success. Par ailleurs, Schreiner est l’autrice de Thriving Quotient, un outil utilisé pour évaluer les qualités étudiantes favorisant la réussite universitaire. Enfin, Schreiner a co-signé de multiples publications et outils, dont Faculty Thriving Quotient et The Student Satisfaction Inventory

Mikaël De Clercq, PhD

Mikaël De Clercq, PhD

Spécialisé dans les questions de transitions vers les études supérieures, Mikaël De Clercq est chercheur expert au sein de l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) en Belgique. De Clercq est actuellement professeur invité et chercheur associé au sein de l’Université catholique de Louvain en Belgique, en plus de collaborer au Diploma of Advanced Studies  à l’Université de Fribourg en Suisse. Ses intérêts de recherche actuels concernent le rôle des pratiques d’enseignement sur le processus des étudiants et étudiantes de première année dans le supérieur, l’analyse des pratiques d’activation pédagogique à l’université, l’évaluation des effets des dispositifs d’accompagnement à la réussite et le rôle des profils étudiants sur le processus d’adaptation à l’enseignement supérieur. 

Références

De Clercq, M., Roland, N., Dangoisse, F., & Frenay, M. (2023). La transition vers l’enseignement supérieur: comprendre pour mieux agir sur l’adaptation des étudiants en première année. https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal:277139

De Clercq, M. (2019). L’étudiant sur les sentiers de l’enseignement supérieur: Vers une modélisation du processus de transition académique. Les Cahiers de recherche du Girsef, (116).

Schreiner, L. A., Louis, M. C., & Nelson, D. D. (Eds.). (2020). Thriving in transitions: A research-based approach to college student success. The National Resource Center for The First-Year Experience.

Schreiner, L. A. (2010). The “thriving quotient” A new vision for student success. About Campus15(2), 2-10.

Transitions réussies vers les études supérieures : un défi interordres

Logo du projet Transitions réussies vers les études supérieures : un défi interordres

Transitions réussies vers les études supérieures : un défi interordres (TrRéussies) est une initiative de l’Université du Québec. Inédit au Québec, le projet vise à développer un modèle de soutien aux transitions afin de favoriser le meilleur accompagnement qui soit pour chaque personne étudiante. TrRéussies réunit des partenaires d’horizons variés, œuvrant partout au Québec, au sein de projets collaboratifs novateurs.