La transition du milieu collégial au milieu universitaire implique des enjeux d’adaptation pour les populations étudiantes. Pour celle en situation de handicap, l’expérience peut comporter davantage de défis, comme s’intégrer à la vie universitaire, faire face aux attitudes négatives et aux stéréotypes ou s’adapter à de nouvelles stratégies d’apprentissage. Afin de faciliter l’inclusion des étudiantes et des étudiants en situation de handicap, les établissements d’enseignement supérieur réfléchissent à des mesures concrètes pour assurer leur pleine participation à la vie universitaire et à leurs études. 

À l’Université de Montréal, différentes ressources directement sur le campus ou en ligne sont offertes aux personnes étudiantes en situation de handicap, en accord avec la Politique-cadre sur l’intégration des étudiantes et des étudiants en situation de handicap à l’Université de Montréal. Parmi ces ressources mises en place figure le Groupe pour les personnes étudiantes en situation de handicap.  

La mise en place du groupe de soutien

Propulsé par le service de Soutien aux étudiants en situation de handicap (SESH) en 2015, le Groupe pour les personnes étudiantes en situation de handicap (GPESH) est une initiative qui prend la forme d’un groupe de soutien favorisant les échanges afin de normaliser les expériences vécues. 

C’est par la participation au colloque annuel de l’Association québécoise interuniversitaire des conseillers aux étudiants en situation de handicap que Cécilia Hontoy-Landry et Nissim Louis, respectivement conseillère et conseiller à la population étudiante en situation de handicap, ont eu l’idée d’instaurer cette initiative en 2015 à l’Université de Montréal. Les initiatives similaires découvertes lors de cet événement étaient surtout réservées aux personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme. Cécilia Hontoy-Landry et Nissim Louis ont alors plutôt décidé d’élargir la participation à toute personne étudiante en situation de handicap pour créer un lien social entre des personnes présentant une diversité de handicaps. 

Contrer l’isolement par la création d’un lien social 

Par cette action positive, le GPESH permet de rétablir la concordance entre les exigences du milieu et la capacité des personnes étudiantes en situation de handicap, tout en transmettant des outils contribuant à diminuer les obstacles auxquels elles doivent faire face. Le groupe de soutien favorise également la transition interordres, sachant que les personnes participantes sont en première année de premier cycle universitaire. 

En plus de favoriser l’acquisition de nouvelles connaissances ou la maîtrise de nouveaux outils, le groupe permet de briser l’isolement, de partager les vécus et donc, de faire partie d’un environnement sécuritaire favorisant l’émergence d’aide mutuelle et un soutien émotionnel.

Des rencontres d’échange et d’information 

Concrètement, en 2022, ce groupe de soutien présente une série de six rencontres d’échange et d’information. Les rencontres ont lieu le soir afin qu’un maximum de personnes étudiantes puisse y participer. Les rencontres abordent diverses thématiques, comme :  

  • les barrières et défis du handicap; 
  • le développement de stratégies d’apprentissage; 
  • l’importance de se fixer des objectifs; 
  • la divulgation de sa situation de handicap; 
  • le projet d’études; 
  • les relations interpersonnelles et la vie universitaire. 

La session d’automne 2022 représente la reprise des activités de ces cohortes qui avaient dû être mises sur pause à cause de la pandémie de COVID-19. 

Pour recruter des personnes participantes, le SESH diffuse l’information dans son infolettre et la transmet lors des rencontres de prise de contact avec les personnes nouvellement inscrites au SESH. 

Les groupes sont composés de personnes vivant des situations de handicaps non visibles ou traditionnels (environ 70 % avec un handicap non visible et 30 % avec un handicap traditionnel) et qui sont nouvellement arrivées à l’université.

Ce sont les membres de l’équipe du soutien aux personnes étudiantes en situation de handicap qui animent ces ateliers. Ils et elles ont également pour mission d’accompagner, d’informer et de conseiller les étudiants et les étudiantes dans l’élaboration, la réalisation et la coordination de leur plan d’intervention.    

Des retombées positives tangibles 

La tenue de ces rencontres de groupes a engendré des retombées positives tangibles pour les personnes étudiantes en situation de handicap, entre autres, la création de groupes informels d’études ou encore d’un groupe Facebook privé pour rester en contact, même après la fin du processus. 

Les personnes participantes affirment qu’elles aiment échanger avec d’autres personnes rencontrant des défis similaires pour trouver des solutions communes adaptées et qu’elles ont développé un plus grand sentiment d’appartenance à la fois avec le SESH et avec l’Université de Montréal. Elles affirment aussi s’être approprié plusieurs outils pertinents à leur inclusion sociale et leur réussite scolaire. 

Il est envisagé de formaliser l’évaluation des retombées de cette initiative dans la prochaine année grâce à des questionnaires plus élaborés distribués aux personnes participantes. Il est également considéré d’augmenter le nombre de rencontres ou de proposer de participer en groupe à des activités de la vie universitaire. 

Différents témoignages de personnes participantes ont été recueillis et montrent les effets positifs du GPESH dans leur parcours d’études :  

« J’ai rarement été si positivement confronté à moi-même, je me suis surpris à prendre plaisir à un exercice plutôt contre-intuitif pour moi. Cela n’aurait jamais été possible sans votre ouverture, patience, compréhension, dynamisme et j’en passe. Merci beaucoup. » 

« J’aimerais vous remercier pour cette belle expérience que fut le groupe d’entraide. J’espère que ce groupe reviendra à la session d’automne et que mon horaire me permettra de participer à nouveau. J’ai apprécié nos échanges de petits regards et votre énergie. Ce groupe m’a permis de voir un autre côté de moi. » 

« J’ai fondamentalement beaucoup de difficulté à m’intégrer à des groupes. Je croyais au départ que j’abandonnerais rapidement par dépit, mais au final, j’ai assisté à toutes les rencontre[s] qui concordai[en]t avec mon horaire. Cela semble parler de soi sur l’utilité et la pertinence du groupe. » 

L’écriture de cette pratique inspirante s’appuie sur une rencontre virtuelle avec Nissim Louis et Tamar Sarayli, respectivement conseiller et conseillère en soutien aux étudiantes et étudiants en situation de handicap à l’Université de Montréal. L’entrevue a été réalisée le 15 septembre 2022.

Pour aller plus loin 

Association québécoise interuniversitaire des conseillers aux étudiants en situation de handicap (AQICESH) 

Centre étudiant de soutien à la réussite – Services aux étudiants | Université de Montréal 

Groupe pour les personnes étudiantes en situation de handicap | Université de Montréal